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Wallonie FOREM : trois ans pour un triple défi

La nouvelle administratrice générale du FOREM vient d’entrer en fonction, même si sa nomination n’a toujours pas été annoncée par le Gouvernement wallon. Son mandat est lié à la législature, il est donc de trois ans.

Elle sait que cela ne va pas être simple, la nouvelle administratrice-générale du FOREM, Marie-Kristine Vanbockestal, qui succède à Jean-Pierre Méan enfin admis à la retraite. La désormais ex-cheffe de cabinet de Jean-Claude Marcourt (PS) a pris ses fonctions jeudi dernier, son arrêté de nomination signé le 31 octobre en mains, alors que le gouvernement wallon n’a toujours pas annoncé sa décision. Apparemment, le ministre de l’Emploi André Antoine aurait voulu pouvoir communiquer en même temps sur le choix du nouveau président du comité de gestion, un choix qui revient au CDH en vertu d’une alternance qui semble d’un autre âge, le poste étant occupé jusqu’ici par le socialiste Jean-Pascal Labille.

La nouvelle administratrice ne dispose que de trois ans pour faire ses preuves, puisque son mandat est lié à l’actuelle législature wallonne, et sera soumis au terme de celle-ci à une évaluation du gouvernement. Si cette évaluation est jugée insuffisante, la patronne du FOREM pourrait être renvoyée à la case départ, soit pour elle… le FOREM, dont elle est issue, puisqu’elle a travaillé jusqu’en 1999 au sein de sa direction régionale de Liège, avant de rejoindre les cabinets de Michel Daerden, Marie Arena, Philippe Courard, Marc Tarabella et Jean-Claude Marcourt. Autant dire qu’une évaluation négative n’est guère envisageable, qui mettrait en doute la capacité de ces gens à bien s’entourer.

Marie-Kristine Vanbockestal se retrouve face à un triple défi : gérer l’emploi et la formation dans un contexte de crise économique dont on ne voit pas la fin, à la tête d’un FOREM en proie à de nombreux malaises internes, et dans la perspective du transfert d’un gros paquet de compétence  » emploi  » du fédéral vers le régional.

La crise

La Wallonie compte 220.000 demandeurs d’emploi, et les perspectives à court et moyen terme ne sont pas bonnes. Un climat d’incertitude n’encourage jamais les entreprises à engager, surtout les PME qui ne savent pas de quoi demain sera fait. Or le FOREM a un rôle important à jouer dans le redéploiement économique et le Plan Marshall 2.vert, en mettant en adéquation l’offre et la demande.  » Le FOREM, dit sa nouvelle patronne, doit être là pour accompagner les reconversions. Mais c’est aussi un fournisseur de talents, qui dispose d’une réserve de main d’oeuvre qualifiée à proposer aux investisseurs. Le FOREM est un organisme public qui fournit de la richesse immatérielle aux employeurs et aux demandeurs d’emploi.  »

Le climat social interne

Le FOREM est une lourde machine, qui emploie 4.500 personnes (3.600 équivalents temps-plein). La majorité d’entre elles (89%) sont contractuelles, et ne peuvent pour ainsi dire prétendre à aucune promotion. Le nouveau contrat de gestion qui vient d’être signé assigne au FOREM un accompagnement individualisé des demandeurs d’emploi : chacun d’entre eux ne devrait plus avoir de contacts qu’avec un seul conseiller. Pour ce faire, 550 conseillers doivent être mobilisés, recrutés en interne, ce qui vide d’autres services. Car il n’est pas question d’engager à l’extérieur, si ce n’est pour remplacer des départs naturels : le FOREM n’aura pas un euro de plus, et sa dotation ne sera même pas indexée.  » Je pense à proposer un statut qui soit propre aux travailleurs du FOREM, répond l’administratrice générale, mais un statut plus souple que celui de l’administration. On ne peut pas se permettre de prendre neuf mois pour recruter une personne quand on en a besoin. Mais on doit aussi pouvoir assurer aux gens une perspective de carrière : il faut pouvoir évaluer un travail, sur base d’objectifs préalables, et en donnant les moyens indispensables pour y arriver. « 

La réforme de l’État

L’accord sur la réforme de l’État prévoit la régionalisation d’un gros paquet de compétences  » emploi  » (pour 4,5 milliards), parmi lesquelles l’activation de l’emploi (Activa, Win-Win, titres-services…) ou le contrôle des chômeurs.  » Cette nouvelle mission de contrôle ne pourra être accomplie qu’au sein d’un service à part, affirme Marie-Kristine Vanbockestal. Ce ne peut pas être la même personne qui accompagne et qui sanctionne. Je pense également qu’il faudrait créer un système de recours, le tribunal ne devrait intervenir qu’après, si nécessaire.  » Dans le même temps, conclut-elle,  » il faut donner un visage humain au FOREM, car il reste trop perçu comme une administration rébarbative. Alors que c’est un organisme positif, amical, intelligent, qui écoute, qui forme et qui accompagne.  »

Michel Delwiche

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