Carl Devos

Vu de Flandre: Le prix de la faiblesse du MR

Carl Devos Politologue à l'Université de Gand

En Flandre, le travail de Charles Michel est apprécié, du moins par les électeurs de la majorité N-VA – CD&V – Open VLD. Le chef du gouvernement, en véritable diplomate de haut vol, parvient souvent à amener les partis flamands, qui se chamaillent sans cesse, à trouver un accord au moins proche du programme du MR. Cette appréciation flamande lui vaut parfois en Belgique francophone le reproche d’être la « marionnette de la majorité flamande » mais personne, en Flandre, n’a l’air de se plaindre de son mode de fonctionnement. On ne peut pas en dire autant de son parti. Loin de là.

En Flandre, le travail de Charles Michel est apprécié, du moins par les électeurs de la majorité N-VA – CDu0026V – Open VLD.

Les Flamands ont depuis longtemps l’impression qu’à l’heure où il a fallu distribuer les portefeuilles ministériels, le choix était limité du côté du MR. En tant que seul parti francophone à entrer au gouvernement fédéral – cela ne s’était jamais vu – des libéraux francophones se sont retrouvés à des postes qu’ils n’auraient probablement pas occupés en temps normal. Il suffit d’un petit tour de piste pour constater qu’on n’a effectivement pas affaire à une équipe de choc.

On prête à Didier Reynders, depuis son département des Affaires étrangères, l’intention de décrocher un poste international de prestige. Cette aspiration et le fait qu’il est souvent en déplacement lui ont valu ce ministère, où il ne commet pas de fautes mais ne s’illustre pas particulièrement. Aux Pensions, malgré la fameuse réforme, Daniel Bacquelaine déçoit à la tête d’un département crucial, censé être dirigé par un réformateur dynamique. De plus, le débat sur la déclaration de politique fédérale a révélé que le ministre MR n’était même pas au courant d’un saut d’index touchant les pensions. Personne, en Flandre, ne critique Willy Borsus, mais rares sont ceux qui savent qu’il siège au gouvernement…

Quant à Sophie Wilmès, elle a dû remplacer un Hervé Jamar défaillant au Budget et a d’emblée fait parler d’elle en annonçant que le tax-shift avait creusé un gouffre de plusieurs milliards. Le ministre des Finances, Johan Van Overtveldt (N-VA), l’a contestée au point que la déclaration de sa nouvelle collègue fut rapidement qualifiée d’ « erreur de débutante ». D’entrée, sa crédibilité en tant que ministre en a pris un coup. Mais ce sont deux autres femmes qui causent les plus gros soucis au MR et à Charles Michel.

Jacqueline Galant – qui, dans une lettre ouverte aux citoyens, a souligné son impuissance dans la lutte contre l’insécurité routière – a été attaquée de toutes parts pour le contrat d’assistance juridique qu’elle a passé avec un cabinet d’avocats. Ce qui a aussi démontré l’hostilité qui règne entre son cabinet et sa propre administration. Marie-Christine Marghem, elle, a de nouveau été mise sur la sellette, cette fois pour avoir outrepassé ses compétences fédérales et européennes dans les négociations concernant l’accord belge sur le changement climatique. Il y a six mois, elle avait déjà été sévèrement critiquée pour avoir plagié partiellement le rapport d’un bureau d’avocats dans le débat sur l’énergie nucléaire.

Dans son édito du 30 octobre dernier, Bart Sturtewagen, le rédacteur en chef du Standaard, dont l’opinion fait autorité, a parlé très justement de ce « flanc vulnérable » : « Si l’impression se fait plus vive qu’en plus de ne pas peser lourd sur le plan politique, l’aile francophone du gouvernement fédéral ne fait pas non plus le poids sur le plan du contenu, c’est la compétence du chef du gouvernement lui-même qui sera remise en question. » Cela affecte la position de Charles Michel, mais aussi celle de son parti et, par extension, celle des francophones au sein du gouvernement fédéral. Ce qui ne devrait pas nécessairement déplaire à tous les Flamands.

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