Jonathan Dehas

Vous reprendrez bien un peu de lockdown

Jonathan Dehas Communication and Marketing Manager chez Atrium Brussels

Il y 4 mois aujourd’hui, l’onde de choc des attentats parisiens retournait Bruxelles. Une alerte reçue 4 sur 4 et la city open as an old whore devenait un hellhole en lockdown. Un week-end entre 4 murs, des chenilles à la Bourse et des treillis à Flagey, un ciel encore plus bas et un canal pendu aux canaux TV des 4 coins du monde. Quatre mois plus tard, si on tirait les leçons du Lockdown ?

Confinés aux paradoxes

Que les choses soient claires, Bruxelles n’a évidemment pas subi le séisme parisien, elle n’en a enduré que quelques secousses. Des dommages collatéraux qui ont placé notre capitale dans une situation délicate et paradoxale. À la fois coupable d’être victime et victime d’être coupable. À l’heure où Paris sonnait la messe, Bruxelles se rendait au procès. Jugée responsable de ne finalement pas l’être assez.

Paradoxe toujours… Le Bruxellois a ceci de drôle que, s’il a fait du Brussels Bashing un sport régional, il peine généralement à ce que d’autres le pratiquent mieux que lui. Plaignez-vous de la prétendue disgrâce de la ville, de ses chantiers éternels, comparez Bruxelles à un trou à rats. Vous êtes Everois, Saint-Gillois, Wolusanpétrusien et on vous donnera facilement raison. Vous le faites en direct de Paris, New York ou Rhode-Saint-Genèse… et que vole le bois vert !

Lorsqu’en novembre dernier, la presse nationale et internationale se penche sur le confinement bruxellois, ses habitants savent dès lors qu’ils sont épiés, méjugés voire moqués. Et comme souvent, ils décident de faire front de manière aussi originale qu’inattendue…

Confinés à l’absurde

Cela commence le 22 novembre 2015 en soirée, quand les services de police demandent via leur compte Twitter qu’un lockdown soit appliqué sur leurs opérations. Rapidement, l’appel est plus que compris par les internautes qui partagent massivement, via Twitter, des images de chats et un hashtag unique #BrusselsLockdown, en vue de noyer dans le flux social les informations cruciales qui filtreraient.

À bon chat, bon rat. Deux mois plus tard, la toile bruxelloise rouvre l’animalerie en hommage à Donald Trump qui qualifie Bruxelles de trou à rats. Sur Twitter, la mention #brusselshellhole sert d’exutoire aux déclarations du candidat républicain. Et les GIF’s de rongeurs de remplacer ceux des félins.

Confinés au romantisme

Durant la même période, la capitale s’envole dans un inhabituel élan de patriotisme. Une voiture fend la post-apocalyptique brume d’un Bruxelles en novembre et en alerte. Bravant le confinement imposé, Jérôme Colin recueille, pour Hep Taxi !, les réactions médusées de Bruxellois connus ou anonymes. Variations et émotions sur le même thème : Bruxelles, je t’aime !

Face aux bons mots d’un Trump en campagne, Arno se fend, quant à lui, d’une missive enflammée. L’ex-Ostendais y chante sa ville d’adoption avec un romantisme caractéristique. « Même un chien enrhumé le sentirait à des kilomètres : Bruxelles, c’est ma ville (…) En même temps, je ne mentirai pas: Bruxelles est probablement la ville la plus laide au monde. C’est un gros bordel, et ça pue la merde. Mais c’est l’odeur d’une bonne merde. » Morceaux choisis.

Confinés à la créativité

L’Agence de Communication Publicis décide, elle, de se faire ambassadrice de Molenbeek-Saint-Jean. Présentée, depuis les attentats de Paris, comme une no-go zone par la presse internationale, Molem’ peut compter sur le soutien spontané de la société française basée aux abords du canal. Publicis lance Found in Molenbeek, un guide des nombreuses bonnes adresses et des atouts du quartier.

De son côté, l’Agence bruxelloise du Tourisme, Visit.Brussels, invite les étrangers à passer un coup de téléphone à Bruxelles. #CallBrussels, à l’autre bout du fil, les Bruxellois répondent, amusés, à la question : Is Brussels safe again ? Aux côtés de ces initiatives, une kyrielle d’autres démarches : Brussels’ Colours, Hellhole Brussels,…

Confinés à l’extériorisation

Il faut toucher le fond pour pouvoir rebondir. La résilience arborée depuis quatre mois montre que Bruxelles sort peut-être d’un confinement beaucoup plus imperceptible. Un pessimisme taciturne, un défaitisme pluvieux, plus vieux que ce tragique mois de novembre. Bruxelles s’ouvre, se défend et se vend, avec originalité et passion.

Détourné de son sens initial, le slogan #BrusselsLockdown devient peut-être aujourd’hui la réponse citoyenne au repli sur soi, à la peur et à l’autodénigrement. Pour cette raison, et uniquement celle-là, on en reprendrait bien encore un peu

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