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Voitures de société : une aubaine, aussi, pour les particuliers?

Le Vif

Remanié début 2013, le mode de calcul de l’avantage de toute nature des véhicules de société pousse les constructeurs à proposer des prix catalogues serrés. Une aubaine, aussi, pour les particuliers?

Ce n’est plus un secret pour les bénéficiaires d’un véhicule de société : l’avantage de toute nature (ATN) à charge de l’employé se calcule dorénavant sur base du prix catalogue, toutes options comprises et remises déduites du véhicule ainsi que sur ses émissions de CO2.

Un an après l’introduction de ce nouveau mode de calcul, les premiers bilans confirment une tendance sensible au « downsizing ». Les motorisations d’accès, moins puissantes et moins émettrices de CO2 ou les versions auréolées d’une étiquette écologique séduisent davantage. « Nous constatons effectivement une nette progression des motorisations moins puissantes, souligne Christophe Weerts, porte-parole de BMW Belgique. On vend davantage de 520d, voire de 518d, que de 525d. Par contre, contrairement à ce qu’on aurait pu craindre, on ne constate pas de glissement sensible vers des modèles de taille plus compacte. » Chez Mercedes, les motorisations d’accès gagnent également du terrain, concède son porte-parole Christophe Vloeberg. « Mais ce qui est plus marquant, c’est que l’on note une diminution très sensible du nombre de modèles commandés dépassant la barre des 70 000 euros. Globalement, c’est toutefois davantage sur l’équipement optionnel que nos clients rognent s’ils souhaitent diminuer leur avantage de toute nature au moment de signer le bon de commande. »

Pour contourner cette situation, certains constructeurs préfèrent proposer des séries spéciales bien équipées d’office au prix le plus avantageux possible. Le montant de base pour le calcul de l’ATN ne s’envole alors plus. « C’était déjà notre politique avant la réforme, souligne Isabelle Michiels, porte-parole de Jaguar/Land Rover. Nous la continuons, évidemment, car elle avantage nos clients. Le prix final de nos modèles ne gonfle pas puisque ces versions spéciales comprennent déjà tout l’équipement recherché par les clients professionnels.

Exemple concret de la formule chez Lexus : la nouvelle berline GS 300h, présentée en première au salon de Bruxelles, se décline dans une version business alléchante. Si son prix de base débute à 44 500 euros, sa finition destinée aux clients professionnels est proposée au prix net de… 44 750 euros. Soit seulement 250 euros supplémentaires malgré un équipement nettement plus pléthorique.

Puisque les ristournes accordées au moment de l’achat n’entrent plus en ligne de compte, certains constructeurs préfèrent, au contraire, dorénavant proposer des modèles au prix catalogue calculé au plus bas d’emblée. Quitte à retirer un ou plusieurs équipements normalement de série sur les autres modèles de la gamme. Une solution utilisée par Mercedes, par exemple. Sur la base des modèles les plus prisées par la clientèle professionnelle, la marque à l’étoile propose une variante taillée au prix sacrifié. « On laisse alors le choix au client d’augmenter ou non l’équipement de sa voiture en fonction de ses besoins et de son envie, ou non, de réduire au maximum le poids de l’ATN » commente Christophe Vloeberg.

Gamme parallèle Si les constructeurs allemands se contentent, généralement, de proposer des modèles spéciaux taillés pour le marché professionnel au cas par cas, certains constructeurs poussent la logique jusqu’à proposer une gamme complète « parallèle » de modèles. Baptisée « business », celle-ci bénéficie alors de prix aussi réduits que possible. Par rapport à sa précédente politique de pack d’options, Peugeot propose ainsi des modèles griffés « business » comme Renault et Citroën. Equipés des options indispensables pour les clients professionnels, ces modèles bénéficient d’un prix catalogue nettement plus bas que ceux proposés dans le catalogue classique destiné aux particuliers. Seul bémol pour les constructeurs : pour que le prix catalogue de ces versions « business » soit officiel et non considéré comme une ristourne déguisée, la loi impose qu’elles soient disponibles sans conditions pour tous les clients. Y compris les particuliers même si les marques proposant une gamme business n’en font pas vraiment la publicité… « Effectivement, concède Marc De Vleeschhouwer de Citroën Belgique, notre gamme business est bien ouverte à tous les clients. » Une aubaine ?

Apparemment, oui. Si l’on compare quelques modèles entre le catalogue « business » de Renault et son catalogue « particulier », la différence de tarification semble alléchante… Exemple concret : le nouveau SUV de Renault, le Captur, avec son moteur 1.5 dCi 90 ch s’affiche à 17 121 euros dans sa version business contre… 19 400 euros pour la variante destinée aux particuliers malgré un équipement sensiblement moins généreux. Même constat si l’on compare les prix du Scénic 1.5 dCi 110 ch : 21 175 euros en business contre 24 300 euros pour les particuliers.

Des différences de prix que l’on retrouve également chez Citroën. « Pourtant, en pratique, les modèles business ne s’avèrent pas plus intéressants pour les clients particuliers, précise Marc De Vleeschhouwer. Sur ces modèles, les clients particuliers ne peuvent effectivement plus profiter des offres spécifiques réservées aux autres modèles. En cette période de salon, nous offrons, par exemple, une réduction équivalente à la TVA sur les modèles de notre gamme classique. » En outre, les modèles business imposent un équipement figé (on ne retrouve que très peu d’options au catalogue) et une offre mécanique limitée aux seules motorisations les plus écologiques. Rien de tel qu’une négociation au salon pour vérifier tout de même si le filon s’avère, au final, intéressant…

Le dossier Salon de l’auto dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

Par Jean-François Christiaens

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