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Violences policières à Mortsel : le Comité P avait mis en garde contre l’unité spéciale d’Anvers

Le Vif

Le Comité P, l’organe parlementaire de contrôle de la police, a déjà souligné la dangerosité voire l’illégalité de l’unité spéciale de la police locale d’Anvers, mise en cause dans le décès d’un homme de 26 ans au commissariat de Mortsel, rapporte ce samedi la presse flamande.

Le quotidien De Morgen cite ainsi un rapport de 2003 du Comité P, dans lequel l’organe avait enquêté sur deux interventions de cette unité spéciale (BBT, pour Bijzondere Bijstandsteams), devenue opérationnelle en 1993.

« Ces pseudo-unités spéciale » contreviennent « à la lettre et à l’esprit de la loi du 7 décembre 1998 », relevait l’organe de contrôle. Les unités spéciales recourent généralement davantage à la violence, ajoutait le Comité P, s’interrogeant sur le bien-fondé de ces procédés.

Le Comité P avait alors recommandé de ne plus organiser ces unités au niveau local, mais au niveau de la police fédérale, pour en assurer une meilleure professionnalisation. Une recommandation qui n’a pas abouti pour des raisons politiques et de mise en oeuvre, notamment de rapidité d’intervention, selon le comité.

La diffusion jeudi soir sur la VRT des images d’une intervention de la BBT anversoise ayant abouti au décès d’un homme de 26 ans au commissariat de Mortsel il y a trois ans a relancé la polémique sur cette unité spéciale de la police locale.

Le SLFP contre une suspension du policier

Par ailleurs, la demande de la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet de suspendre un policier impliqué dans le décès d’un homme de 26 ans est inadéquate et inopportune, a affirmé le syndicat libéral SLFP-Police. « Trois ans se sont déroulés depuis le fait », relativise le syndicat dans un communiqué.

Il estime qu’au visionnage du reportage de la VRT qui a relancé l’affaire jeudi soir, les policiers « n’ont été que les instruments des tergiversations entre le magistrat de garde et le médecin psychiatre ». Il souligne les tentatives des policiers de raisonner la victime et leur embarras face à une situation qui ne se dénoue pas « par le fait d’un désaccord juridico-médical ».

Le syndicat assure que la scène de coups ne sort pas « du cadre de la proportionnalité et de la subsidiarité » du recours à la force « pour qui a un minimum d’expérience de terrain » et « connaît l’incroyable force que peut développer dans son délire une personne dans un état identique ou apparenté à celui du défunt », qui était sous l’influence d’amphétamines et devait être placé en institut psychiatrique.

Le syndicat juge inacceptable la demande de la ministre de l’Intérieur, « un signe terriblement politique à l’adresse des citoyens, un leurre dont le collègue sera la victime expiatoire ».

Il critique également la Ligue des Droits de l’homme, qui avait dénoncé un phénomène de violence policière excessive et sous-estimée. « Sur un an, des 38.000 policiers au service de la population, 107 (0,3%) se laissent aller à un usage inapproprié de la violence ou à de la violence caractérisée et sont poursuivis pour ces faits ; tandis que 1.068 (3%) étaient victimes de violence caractérisée sans qu’il y ait nécessairement poursuite », expose le SLFP.

De Wever dit ne pas pouvoir provisoirement écarter d’agents

Enfin, le bourgmestre d’Anvers Bart De Wever n’entreprend provisoirement aucune action contre les policiers suspectés de violences car un appel a été interjeté contre la décision de renvoi d’un agent devant le tribunal correctionnel. Bart De Wever répond ainsi à la demande du sp.a local de lancer une procédure disciplinaire.

« Nous avons visionné les images diffusées à l’émission Panorama. Ce sont évidemment des images particulièrement dures qui ne peuvent laisser personne indifférent. Cette affaire est donc prise très au sérieux », réagit Bart De Wever, dans un communiqué. « Nous sommes en train de prendre connaissance des réactions politiques découlant de la diffusion, et en particulier de la demande du lancement d’une procédure disciplinaire immédiate contre le(s) agent(s) impliqué(s) », ajoute-t-il.

De Wever indique que la décision d’une suspension provisoire intervient normalement après que le procureur du roi a pris contact avec le bourgmestre pour ordonner cette suspension. La suspension n’est pas une sanction mais une mesure préventive, souligne M. De Wever.

Dans ce dossier, le parquet n’aurait jamais demandé la poursuite d’un policier, selon M. De Wever et n’a jamais demandé de mesure disciplinaire. C’est pourquoi le prédécesseur de M. De Wever, Patrick Janssens, n’a pas suspendu d’agents. Les agents en question continuent donc de travailler depuis trois ans.

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