Vigipirate : faut-il le dire sans le faire ou pire, le faire sans le dire ?

S’il est bien un domaine où la cacophonie est néfaste, c’est la sécurité. L’intervention de Vincent De Wolf, bourgmestre d’Etterbeek (MR), réclamant un plan Vigipirate (donc, des moyens policiers supplémentaires et visibles) et l’hyper-réaction de la ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet (CDH), sont à l’opposé de la sérénité qu’une démocratie doit opposer à ses adversaires.

D’abord, de quoi parle-t-on, de radicalisme ou de terrorisme ? L’Ocam, dans sa communication, a parlé de niveau d’alerte 3 (grave) en matière d’extrémisme, pas de terrorisme. Néanmoins, le radicalisme peut déboucher sur des passages à l’acte: voir l’attaque de deux policiers, à la station de métro Beekkant, à Bruxelles, par un musulman français fanatisé, aujourd’hui dégrisé en prison.

La Belgique a longtemps été une base arrière pour les islamistes radicaux. Sa participation à la guerre d’Afghanistan et l’interdiction du voile intégral (preuve s’il en est du caractère politique de ce « bout de tissu ») ont changé son statut. Pas question, donc, de ne pas prendre au sérieux la « menace ». Mais il faut le faire professionnelement. Soit la menace est sérieuse et des moyens accrus doivent être affectés à la surveillance des lieux publics.

C’est la proposition De Wolf: les policiers qui travaillent à l’Otan, Zaventem et aux palais royaux seraient remplacés par des militaires. Soit la menace est diffuse et il faut renforcer les moyens de l’ombre: renseignement traditionnel (Sûreté de l’Etat, SGRS de l’armée, police fédérale et polices locales), sensibilisation des agents de l’autorité et de la population aux signes avant-coureurs d’une radicalisation pouvant déboucher sur un passage à l’acte.

En octobre 2006, la Défense française avait formalisé cette recherche du juste équilibre dans un document exceptionnel: La France face au terrorisme – Livre blanc du Gouvernement sur la sécurité intérieure face au terrorisme. Les auteurs signalaient la nécessité d’éduquer la population à la sécurité sans créer ni panique ni paranoia, insistant notamment sur le rôle utile que peuvent jouer les musulmans en tant que membres de la communauté nationale.

Pour mémoire, en mai 2010, un projet d’attentat en plein Times Square (New York) avait été déjoué par deux vendeurs de rue, alertés par la fumée qui s’échappait du véhicule piégé.

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