© Image Globe

Victoire de Bart De Wever : ce qu’en pense la presse francophone et flamande

Quelle que soit l’importance accordée à la victoire électorale du président des nationalistes flamands, Bart De Wever, celle-ci est au centre des éditoriaux de la presse francophone. Et, pour certains d’entre eux, le premier ministre Elio Di Rupo en sort fragilisé.

« C’est le tout grand vainqueur du jour, indiscutable, impérial. Bart De Wever a réussi son pari », analyse « Le Soir ». Selon le quotidien, la N-VA a réussi le « doublé parfait » en empochant Anvers et l’ancrage local qui lui manquait.

L’appel lancé dimanche, en début de soirée, à négocier le confédéralisme est pourtant vu comme le « pas de trop », parce qu’il s’agit d’élections communales et non législatives. « Ces élections n’ont pas fait de Bart De Wever le premier ministre belge ou le formateur d’un gouvernement », note l’éditorialiste qui appelle toutefois les francophones à ne pas se leurrer: « De Wever a gagné la deuxième manche de sa marche vers le confédéralisme et ce séparatisme dont le leader ne dit plus ouvertement le nom ». Et aux yeux du « Soir », le premier ministre Elio Di Rupo est fragilisé au sein de son gouvernement.

« Bart De Wever a pris les commandes d’un TGV flamand dont la destination finale n’est autre que la mort de la Belgique », avertissent les journaux du Groupe Sud Presse pour lesquels la Belgique confédérale n’est plus pour 2020 mais pour demain. Et de mettre en garde Elio Di Rupo: « les partis flamands n’oseront plus apparaître comme moins flamands que la N-VA ».

« L’Avenir » en appelle aux responsables politiques wallons. La gestion des communes se devra d’être une réponse aux accusations que formule aisément Bart De Wever à l’égard du sud du pays. « A ce titre, la politique menée par Paul Magnette à Charleroi devra notamment être exemplaire et emblématique ».

Pour « La Dernière heure », si le succès de la N-VA se confirme, la partie n’est pas encore jouée. Il reste deux ans avant les élections de 2014. « La machine à gagner le pouvoir va devoir s’y frotter. La N-VA ne pourra plus se cacher derrière le puissant charisme de son leader ».

« La N-VA est désormais le grand parti populaire que toutes les autres formations ont rêvé d’être », estime « La Libre » qui nuance cependant la victoire nationaliste: aux élections provinciales, la N-VA est en léger recul par rapport aux législatives de 2010.

Le quotidien appelle les partis francophones à définir sans tarder leur réponse commune et déterminent la manière dont ils souhaitent que le pays évolue. « L’heure n’est plus aux jeux politiciens, aux postures partisanes. Les partis francophones doivent étudier, sereinement, sérieusement tous les avenirs possibles ».

Editorialistes Flamands : un défi pour la N-VA et les partis flamands de la majorité

La nette victoire de la N-VA à Anvers, mais aussi dans le reste de la Flandre, place sur les épaules de Bart De Wever et de son parti une lourde responsabilité. Mais celle-ci est aussi un signal clair à l’endroit des trois partis flamands membres de la majorité fédérale, estiment les éditorialistes du nord du pays.

« Les trois partis traditionnels (flamands) qui ont décidé la peur au ventre l’an dernier de s’associer avec Elio Di Rupo n’ont pas encore commencé à rendre cette histoire crédible. De Wever ne s’est même pas adressé à eux (dimanche) et a appelé directement Di Rupo a négocier une Belgique confédérale avec lui », note ainsi Bart Sturtewagen dans le Standaard.

Pour Luc Van der Kelen, du Het Laatste Nieuws, la victoire de De Wever dimanche devrait avoir rapidement des conséquences sur le gouvernement fédéral, notamment pour l’élaboration du budget. A ses yeux, l’Open Vld et le CD&V auront à présent beaucoup de mal à accepter de nouveaux impôts, prédit-il.

Eric Donckier, du Belang van Limburg, pointe lui les résultats plus faibles qu’attendus réalisés par le sp.a dans les centres urbains, ainsi que par l’Open Vld. « Les pertes des trois partis flamands de la majorité ne resteront pas sans conséquences sur le gouvernement fédéral de Di Rupo, entre autres parce que le PS recule -légèrement- en Wallonie », selon lui.

Liesbeth Van Impe (Nieuwsblad) de son côté voit dans cette victoire nombre de défis pour De Wever: il devra assurer l’encadrement nécessaire de ses élus qui n’ont qu’une faible expérience de gestion publique. Il aura aussi beaucoup de mal à gérer son agenda, et il aura à pâtir des relations sensiblement dégradées avec les autres présidents de partis, analyse-t-elle.

Même son de cloche à la Gazet van Antwerpen où Lex Molenaar prédit que Bart De Wever aura beaucoup de peine demaine à concilier ses deux boulots: la présidence de son parti et le mayorat d’Anvers.

Le Morgen constate de son côté que la tactique locale-fédérale de Bart De Wever a parfaitement fonctionné. Pour Wouter Verschelden, la création d’un large parti populaire conservateur est à portée de main en Flandre. « Ce qui n’a jamais marché par la fusion de deux entités ou plus fonctionne à présent avec la seule N-VA.

« Après l’héritage de la Volksunie et le doping sanguin du cartel avec le CD&V, la N-VA entre dans une nouvelle phase », écrit Wouter Verschelden pour qui le réservoir gigantesque de voix de droite conservatrice, qui gisait auprès du Vlaams Belang, pourrait bien peser sur la politique à l’avenir.

Le Vif.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire