© Image Globe / BRUNO FAHY

Vic Van Aelst (N-VA) mange du francophone à tous les repas

Récente recrue de la N-VA, le ténor du barreau flamand Vic Van Aelst a craché toute sa bile sur les francophones, hier soir devant des militants bruxellois : « les francophones ne sont solidaires que pour plumer la Flandre qu’ils considèrent comme une colonie. » Un flot de haine verbale déversé dans l’enceinte du Parlement bruxellois néerlandophone.

A peine enrôlé à la N-VA, il se distinguait par un plaidoyer pour la disparition des cours de français en Flandre. Vic Van Aelst, avocat d’assises renommé (71 affaires à son actif, dont le mémorable procès de « l’assassinat au parachute »), mange du francophone à tous les repas. Son appétit féroce lui donne le sens de la formule : « les francophones n’arrêteront leur lutte que quand le cabillaud au large de la côte d’Ostende parlera français. »

Hier soir, la N-VA Bruxelles a régalé ses militants. L’orateur a été à la hauteur de sa réputation. 62 ans de frustration contenue qui se lâche, ça dégage. Traînés sur le banc d’infamie, d’invisibles francophones, Wallons surtout, vont subir la charge violente de l’accusateur public. Le Fouquier-Tinville de la Terreur française réincarné en version flamingante ne leur trouve aucune circonstance atténuante : « depuis 180 ans, les francophones nous traitent de « p’tits flamins », de gens médiocres. Leurs partis sont solidaires entre eux sur un point : quand il s’agit de plumer la Flandre, qu’ils considèrent toujours comme une colonie », déclame le plaideur. Que ces Wallons aujourd’hui fauchés périssent dès lors par où ils ont péché : « porte-monnaie, porte-monnaie », articule un Van Aelst grimaçant en faisant vibrer de sa main le pavillon de son oreille. « Je veux bien être solidaire des Turcs, je ne veux plus l’être des Wallons. C’est terminé ! Durant 180 ans, les Flamands se sont laissés abusés, se sont prostitués. Les Wallons ont creusé le trou de la dette et maintenant ils l’utilisent comme argument contre la scission du pays. Je n’ai jamais cru dans la bonne volonté des francophones, je n’y croirai jamais », tonne Van Aelst.

« Je fêterai l’enterrement de la Belgique »

L’avocat n’hésite pas à forger son intime conviction de façon douteuse. Le voilà qui exhibe un bout de papier et se lance dans la lecture d’une liste longue comme un jour sans pain : rien que des noms à consonance maghrébine ou slave retentissent dans la salle. « Ils représentent 85% des détenus à Anvers », poursuit l’avocat, satisfait de son effet de manche. Suivez le raisonnement : ces détenus ne sont pas là par hasard. Ils sont le fruit de cette politique laxiste menée à l’égard des étrangers : « elle n’est pas innocente, mais utilisée comme une arme contre le mouvement flamand. »

Les francophones, coupables sur toute la ligne. Coupables d’avoir francisé les Flamands partis s’installer en Wallonie le long de la frontière linguistique « avant de venir bêcher dans nos jardins. » Coupables aussi, ces gardiens de la prison de Forest qui nient l’avocat quand il s’adresse à eux en néerlandais. Au passage, Van Aelst raille Di Rupo et Onkelinx pour leur néerlandais laborieux. Pourraient franchement faire mieux…

Fini de courber l’échine : « à part le Louvain flamand obtenu en 1968, nous n’avons connu que des défaites. Par la faute de ces Tobback, De Gucht, qui ont toujours plié devant les francophones. Mais pour la première fois, ils ont affaire à quelqu’un qui ne cède pas. » Vivement donc la fin du pays, synonyme d’indépendance de la Flandre. La perspective fait palpiter le coeur endurci du sexagénaire : « j’organiserai une fête à l’enterrement de la Belgique. » Pas de doute, pour Van Aelst : une Flandre libérée renaîtra de ses cendres. « C’est vrai que sous sommes de mauvais organisateurs. C’est l’influence de la culture latine. Plus on se tourne vers les pays du nord de l’Europe, mieux ça fonctionne. Plus on regarde vers le sud… Cela changera, dans une Flandre indépendante. » « België barst », « que la Belgique crève » : il ne manquait plus que le slogan pour que le tableau soit complet. Mais hier, c’était tout comme. Et tout cela dans une salle du Conseil de la Commission communautaire flamande, le Parlement bruxellois néerlandophone.

Pierre Havaux

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