Paul Magnette, ministre-président wallon. © BELGA/Bruno Fahy

Ventes d’armes à Ryad: pour Magnette, la Wallonie n’est qu’un « tout petit vendeur »

Le ministre-président wallon, Paul Magnette, a défendu lundi le principe des ventes d’armes à l’Arabie saoudite, assurant approuver lui-même ces ventes au terme de « procédures extrêmement rigoureuses ».

« La Wallonie est un tout petit vendeur comparé à la France », a-t-il relativisé au micro de la radio Bel-RTL dont il était l’invité.

Paul Magnette (PS) était interrogé sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite, un pays à majorité sunnite qui a exécuté dimanche 47 personnes condamnées pour « terrorisme », dont le dignitaire chiite Nimr al-Nimr, provoquant un regain de tension avec l’Iran et dans une moindre mesure l’Irak.

Ce commerce d’armes est le fruit de « décisions européennes », a encore souligné le ministre-président, tout en assurant qu’il approuvait lui-même les ventes wallonnes. « On le fait avec des procédures extrêmement rigoureuses », a-t-il dit, tout en admettant que « derrière il y a des milliers d’emplois » et une expertise wallonne.

Selon Paul Magnette, ces livraisons ne sont destinées qu’à des forces armées ou de police.

Le gouvernement wallon a accordé en 2014 pour près de 400 millions d’euros de licences de vente, dont la majorité portaient sur des armes à feu et des munitions, à destination de l’Arabie saoudite, selon le rapport sur ces ventes approuvé en novembre dernier par la sous-commission du parlement wallon sur le contrôle des licences d’armes.

Ecolo a dénoncé les propos du ministre socialiste. « Vers un front PS-N-VA? », se sont demandés les Verts, évoquant un projet de concession à une entreprise saoudienne dans le port d’Anvers impliquant un homme d’affaires controversé. Les écologistes et les nationalistes flamands avaient âprement débattu du sujet.

« L’Arabie saoudite n’est pas un marché anecdotique pour la Wallonie: plus d’un tiers des licences d’exportation d’armes octroyées en 2014 concernaient de pays », ont-ils rappelé.

Or, à leurs yeux, le PS comme la N-VA invoquent l’argument financier pour maintenir les liens économiques entre l’industrie wallonne de l’armement et le royaume saoudien.

« Les droits humains sont visiblement secondaires pour ‘cette coalition saoudienne’ d’un nouveau genre », ont souligné les députés Benoît Hellings et Helène Ryckmans.

Ecolo a répété son appel à la suspension de toute exportation d’arme vers l’Arabie saoudite.

Dans les rangs des socialistes flamands, le député Dirk Van der Maelen a également pointé du doigt le discours de Paul Magnette avec lequel il se dit en désaccord « à 500 pour cent ». Il demande l’ouverture d’une concertation entre les trois Régions sur le commerce des armes avec l’Arabie saoudite.

« La Suède et l’Allemagne ont déjà imposé un embargo sur les livraisons d’armes à l’Arabie saoudite. Notre pays pourrait s’en inspirer », a-t-il suggéré.

Selon lui, il n’existe pas de garantie que les armes vendues se retrouvent exclusivement entre les mains de l’armée et de la police.

« Il y tellement d’armes importées que l’on peut douter qu’elles soient utilisée uniquement par l’armée et la police. On soupçonne en outre que de vieux stocks d’armes sont acheminés vers des groupes suspects en Syrie et que les munitions sont utilisées au Yemen », a-t-il ajouté.

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