Thierry Denoël

Vente Fortis : la dette belge sous la barre des 100 % pour les élections…

Thierry Denoël Journaliste au Vif

C’est une obsession du gouvernement Di Rupo : ramener la dette publique belge sous le seuil symbolique de 100 % du PIB. Une question d’image vis-à-vis de la Commission européenne, des agences de notation et, surtout, en vue des élections phagocytées par la N-VA.

Ce n’est une surprise pour personne. L’Etat belge a négocié un deal avec la banque française BNP Paribas pour revendre les 25 % de parts qu’il détenait encore dans l’ex-Fortis. On en parlait depuis des mois déjà… Restait à trouver le bon moment. Voilà qui est fait, à deux jours du rapport que la Commission européenne s’apprête à publier sur les efforts de réduction de déficit des Etats de la zone euro. Et alors que l’agence de notation Standard&Poor’s vient de dégrader d’un cran la note de la France, faisant ainsi planer la menace sur ses voisins déficitaires.

Le gouvernement papillon se targue d’avoir réalisé une bonne opération en obtenant de BNP Paribas 3,25 milliards d’euros, soit une plus-value de 900 millions d’euros par rapport à son investissement initial en pleine crise bancaire, il y a cinq ans. Il faut dire que la filiale belge du groupe français a eu le temps de recouvrer une excellente santé. Bref, trois bons milliards permettront au paquebot Belgica de redresser symboliquement la barre en faisant passer le déficit public sous les 100 % du PIB. Il y a là, bien sûr, du fétichisme. D’autant que la Belgique risque de renouer avec un déficit à trois chiffres d’ici quelques années à peine, si, au-delà d’opérations one-shot telles que la revente des parts Fortis, les efforts structurels ne sont pas suffisants.

Mais ce fétichisme a une raison d’être, au-delà même des exigences de la Commission et de la férocité des agences de notation : les élections de 2014. On y revient chaque fois. Mais l’obsession des 100 % de déficit ne s’explique que par cette autre obsession, bien plus forte, incarnée par les urnes. La coalition actuelle ne pouvait se permettre de voir le déficit continuer à se dégrader au-delà de 105 %, comme c’est le cas pour le moment, risquant de s’attirer les foudres infâmantes de l’Europe et de Standard&Poor’s. C’eût été, pour les six partis du gouvernement, donner à la N-VA un solide bâton avec lequel ils auraient reçu de nouveaux coups. Aucun partenaire de la majorité ne pouvait se le permettre à l’aube d’une campagne électorale où le socio-économique sera un thème dominant.

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