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Vande Lanotte :  » Le Crioc ne nous apporte pas suffisamment par rapport à ce qu’il coûte »

Interrogé en Commission de l’Economie de la Chambre ce mercredi 7 mars, le ministre de la protection des consommateurs, Johan Vande Lanotte (S.Pa), a précisé dans quel cadre strict il pouvait intervenir par rapport au Crioc. Le reste, dit-il, est du seul ressort du conseil d’administration. Le socialiste flamand n’en soulève pas moins quelques questions de fond.

« Jusqu’à présent, je ne considérais pas le Crioc comme l’institution la plus importante de mon département, mais je vais devoir revoir mon jugement », a d’emblée ironisé le ministre Johan Vande Lanotte, confronté à de multiples questions de la part de quelques parlementaires, dont une seule francophone.

Dans ses réponses, Johan Vande Lanotte a très clairement balisé le cadre dans lequel il pouvait intervenir en réaction aux dysfonctionnements révélés par une récente enquête du Vif/L’Express. « Le commissaire du gouvernement qui siège au conseil d’administration du Crioc (Centre de recherches et d’information des organisations de consommateurs) a pour mission de vérifier si le contrat de gestion est respecté. Nous devons aussi nous assurer que l’enveloppe de 1,7 million d’euros par an que le SPF Economie attribue à cette fondation d’utilité publique est correctement utilisée. Si tel n’est pas le cas, des conclusions devront en être tirées. Pour le reste, le commissaire du gouvernement n’est pas un gestionnaire et ce n’est pas lui qui prend des décisions. »

Autrement dit, il revient au conseil d’administration de contrôler ce qui se passe au sein de la maison. « C’est son premier rôle, a insisté le ministre. Ce n’est pas à moi de juger de la politique du personnel. Ni de l’implication de certains membres ou administrateurs du Crioc dans la coopérative de fourniture d’énergie Trade4you. »

Le ministre a demandé à son administration de lui remettre un rapport, attendu dans les six semaines, sur la façon dont le Crioc remplit actuellement ses obligations vis-à-vis du gouvernement. Il a d’ores et déjà reçu les réponses du Crioc à une série de questions qui lui avaient été adressées. « Pour l’instant, je ne prends pas position, a précisé Johan Vande Lanotte. J’enregistre les réponses du Crioc, que je ne confirme ni infirme dans l’état actuel des choses. Mon administration n’a pas encore terminé son enquête. Si mon administration ne dispose pas des informations suffisantes pour faire son travail correctement, un audit extern suivra, au besoin. » Le ministre n’a toutefois pas caché que son sentiment, ainsi que celui de son administration, était que « nous ne recevons pas autant que nous le devrions, eu égard à l’argent attribué au Crioc ».

Le ministre, qui ne se prononce pas sur la qualité des enquêtes diffusées par le Centre, s’interroge néanmoins sur leur utilité. « Est-il bon qu’une organisation d’une taille relativement limitée produise elle-même beaucoup d’enquêtes ? J’ai mes doutes là-dessus. Je pense que nous devrions plutôt accentuer et préciser les angles sur lesquels le Crioc devrait travailler, de telle sorte que ce que nous demandions puisse être réalisé correctement avec l’équipe en place. Réaliser un grand nombre d’enquêtes avec un effectif limité soulève un certain nombre de questions ».

Pour lui, il serait pertinent de recentrer le Crioc sur sa mission de base, c’est-à-dire la représentation des organisations de consommateurs dans de très nombreuses commissions. « Le Crioc est un fournisseur de services pour les organisations de consommateurs, c’est là sa raison d’être et c’est pour cela qu’il reçoit de l’argent du SPF Economie, a insisté Johan Vande Lanotte. Participer à ces instances d’avis prend du temps, mais c’est nécessaire, selon moi. »

Le ministre s’interroge néanmoins sur l’utilité de faire siéger systématiquement un représentant du Crioc dans certaines de ces instances. « En matière de développement durable, six commissions existent. Est-ce bien le rôle des consommateurs d’y siéger ? »

Enfin, le ministre de tutelle du Crioc, entré en fonction le 6 décembre dernier, n’a pas manqué d’épingler les députés qui lui « demandent de tout régler en deux semaines alors qu’ils étaient dans la précédente majorité et n’ont pas bougé. Dans le gouvernement précédent, où je n’étais pas, on aurait pu déblayer tout ça. Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ? C’est facile de dire maintenant, à un nouveau ministre, que ce qui se passe est scandaleux. Moi, je trouve scandaleux qu’après deux mois, vous découvriez un problème et y réagissiez alors que vous auriez pu le régler pendant les trois années précédentes. »

Le conseil d’administration du Crioc se tiendra le lundi 12 mars prochain, dans les locaux du Crioc. C’est le chef de cabinet adjoint de Johan Vande Lanotte, Wim Van Poucke, qui y assistera au nom du gouvernement.

Laurence Van Ruymbeke

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