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Van Cauwenberghe :  » Trop de jeunisme au Parti socialiste « 

Dominique Delescaille
Dominique Delescaille Journaliste

La modification des statuts nationaux du PS fait débat . Le parti veut supprimer la limite d’âge à 65 ans. Jean-Claude Van Cauwenberghe défend la proposition.

Le Parti socialiste va vers une refonte totale de ses statuts nationaux. 27 propositions de révision ont été envoyées aux différentes sections et fédérations. Le tout sera voté lors du congrès national de rentrée le 20 octobre prochain à Charleroi. Un seul point ferait débat : la suppression de la limite d’âge à 65 ans. Les plus jeunes auraient-ils peur du retour des anciens ? Jean-Claude Van Cauwenberghe soutient cette initiative.

Le PS est le dernier parti à imposer une limite d’âge à ses membres et ses candidats, à savoir 65 ans sauf dérogations. Une règle discriminatoire, selon Van Cau. L’ancien Ministre-président de la Région wallonne et bourgmestre de Charleroi, aujourd’hui âgé de 69 ans fait pourtant partie de ceux qui l’avaient initiée il y a 50 ans. Mais la société a évolué. Il s’en explique.


Comment accueillez-vous cette révision nationale ?

Jean-Claude Van Cauwenberghe Elle est nécessaire et pertinente. La précédente date de 2009, mais portait essentiellement sur des matières déontologiques et disciplinaires. La suppression de la limite d’âge à 65 ans en interne ou pour un mandat représentatif est une demande de la Confédération des Aînés Socialistes et la FASAC (Fédération des Aînés socialistes de l’Arrondissement de Charleroi), présidée par Guy Sampo a joué un rôle déterminant dans cette revendication.

Le débat semble houleux au sein des sections locales, notamment à Charleroi ?
C’est vrai, certains membres proposent plutôt d’augmenter la limite d’âge à 68 ans. D’autres acceptent la suppression pour des postes en interne pas pour les mandats. Les échanges sont passionnels, je l’avoue. Avec ou sans intérêts, de façon protectrice ou « promotrice »… Nous, les aînés, entendons des horreurs du genre « A votre âge, préoccupez-vous des soupers spaghetti, des salons 3e âge ou encore n’est-il pas grand temps que vous pensiez à vous reposer ? ». Vous le constatez par vous-même, des réflexions ni fraternelles ni solidaires.

Votre position étonne, non ?
En effet, en 1965, j’étais monté à la tribune au nom des Jeunes socialistes, je plaidais à l’époque une plus grande place des jeunes dans le parti. Je me suis battu pour l’obtention de quotas jeunes et l’instauration d’une limite d’âge. Et un demi-siècle plus tard, je défends la suppression sans états d’âme, c’est paradoxal, mais notre société a bien changé.

C’est-à-dire ?
En 65, la gérontocratie régnait sur les structures du PS. Elle trônait parmi les mandataires. Un exemple, à Charleroi. Le 1er collège de 77 à 82 ne transpirait pas la jeunesse, il faut le dire. Ils avaient tous entre 60 et 70 ans. Parmi eux, mon père ou encore Lucien Harmegnies… Et aujourd’hui, 50 ans plus tard, le balancier est à l’excès, mais dans le sens inverse. Nos députés, mandataires, échevins, conseillers ont 40 ans à peine. On a du mal à trouver un sexagénaire au PS.

Ça pose vraiment problème ? Dans une société où les seniors sont de plus en plus actifs, le jeunisme est le Botox de la politique. Or, l’espérance de vie d’un homme est de 77,4 ans, pour une femme, elle va même jusqu’à 82,7. J’ai 69 ans et j’estime que les seniors ont beaucoup de choses à transmettre. Nous représentons 1/3 de la population. Ce « Tiers état » peut-il encore être ignoré ? Je ne le pense pas.

Vous ne mâchez pas vos mots dans votre analyse ?
On a vécu sous l’ère du jeunisme, elle est tout aussi regrettable que le temps des « gérontocrates ». On peut en effet être élu à 30 ans et être d’un conformisme affligeant ou avoir 65 ans et faire preuve d’une originalité pétillante. Cela dépend de la personnalité de l’individu, pas de son âge. Et l’histoire nous le prouve, les révolutionnaires sont toujours des jeunes qui aiment les vieux comme nous l’explique Régis Debray dans son livre intitulé « Le bel âge ».

Cela laisse sous-entendre qu’au vu de votre parcours, 45 ans à différents niveaux de pouvoir, on fait souvent appel à vous ? Oh que non ! Excepté Paul Furlan, personne ne me demande jamais de conseils, ni un avis ou un travail à réaliser. Ni à la Ville de Charleroi, ni à la Région wallonne, je le déplore.

Cette suppression de la limite d’âge peut donc vous ouvrir de nouvelles portes ?
Le temps est venu que le critère prépondérant soit le choix de l’électeur ou de l’affilié pour ce qui concerne les dirigeants internes au PS. Dans le cas contraire, il faudra un jour instituer au PS un quota en faveur des hommes de 55, 60 ans voire plus. Voilà ce que je vais défendre du mieux que je peux. Mais je rassure les camarades qui pourraient avoir des craintes, si ce point est supprimé des statuts nationaux, je ne compte plus me présenter à quelque mandat électif que ce soit. Je me suis toujours investi à fond dans mes différentes missions. Gérer un mandat de façon efficace, cela est très éprouvant. J’espère que ceci clairement dit aidera quelques camarades à mieux dormir !

Dominique Delescaille

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