Thierry Fiorilli

Valérie Trierweiler, ou la chute de Maléfique

Thierry Fiorilli Journaliste

Dans l’histoire, elle a le rôle de la méchante reine. De Carabosse. Ou Maléfique. Ça tient à deux choses : le soupçon, qui pèse toujours sur celles et ceux qui incarnent « le nouvel amour » des puissants, surtout si ils ou elles ne faisaient pas déjà partie de ce monde-là mais gravitaient autour ; et la façon dont elle a géré, publiquement, son accession à la cour.

Depuis l’élection de François Hollande à la présidence française, il y a dix-huit mois, Valérie Trierweiler n’a jamais été une personnalité très populaire. Elle est toujours apparue, à beaucoup, comme une intrigante, une femme qui aimait celui qui pouvait/allait conquérir l’Elysée. Une journaliste qui devenait Première dame de France. Une Première dame de France qui tirait la couverture à elle, qui riait trop, trop fort, trop visiblement, trop souvent, qui voulait être embrassée sur la bouche devant les caméras parce que, juste avant, sur la même estrade où défilaient les vainqueurs du scrutin présidentiel, en mai 2012, l’étreinte entre Hollande et son ex, Ségolène Royal, avait été un peu trop appuyée à son goût. Une « parvenue », jalouse tant de ses privilèges à peine obtenus que du passé de son président de compagnon. Pêle-mêle : une trop ambitieuse, une Carla Bruni du pauvre, une madame sans-gêne, une égocentrique.

Et donc, une fois son Graal trouvé, Maléfique Trieweiler, a essuyé revers après revers, recadrages après recadrages. Finis les articles politiques, finies les chroniques, finis les tweets personnels, de plus en plus limitées les sorties officielles. Et de plus en rare la présence à ses côtés, en privé, de François Hollande. Jusqu’à la révélation de l’affaire Gayet, la semaine dernière. Et son hospitalisation, depuis. Et la déclaration du président, mardi, faisant comprendre que, d’ici un mois (et sa visite à Washington), tout serait réglé, dans l’intimité du couple, si tant est qu’il convienne encore de définir comme tel le duo Hollande-Trieweiler.

Une déclaration qui laisse penser que, pour Valérie, les carottes sont cuites.

On verra bien. Mais, même si, pour des raisons d’apparences, d’intérêts de la Nation, allez savoir quoi d’autre, la séparation n’est pas officialisée, c’est le pire scénario auquel est confrontée « Maléfique » : l’humiliation publique, la perte du statut, la raillerie. En plus évidemment de ce qui déchiquette n’importe quel(le) conjoint(e) évincé(e) : la trahison, le départ de l’autre pour un(e) autre, forcément plus jeune, qui profite d’une situation beaucoup plus simple, avec le piment du clandestin en prime.

Dans la plupart des cas, ça débouche sur des crises de nerfs, des torrents de larmes, des cris, des insultes, des menaces, des guerres financières et systématiquement la conviction qu’il y a un(e) coupable (celui ou celle qui part) et une victime (l’autre).

Dans le cas de Valérie Trierweiler, c’est (et ce sera) probablement le même genre de situations, mais à la puissance dix. Sachant que François Hollande a toujours prétendu qu’il fallait séparer rigoureusement affaires privées et fonctions publiques, même s’il a jusqu’ici magistralement échoué à préserver cette distinction (tant avec et après Ségolène que depuis Valérie et, maintenant, avec donc Julie semble-t-il), on peut s’attendre à ce que soit dressé autour de la Première dame de France en sursis un véritable cordon sanitaire – peut-être celui qui l’a déjà envoyé à l’hôpital, d’où sa personnalité incontrôlable peut moins s’exprimer. Pour éviter toute déclaration publique fâcheuse. Et pour négocier une séparation à l’amiable.

Et la fin, pour Valérie Trierweiler, de ce qui devait être un long séjour au paradis. Et qui n’aura été qu’un intérim dans une sorte de bagne.

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