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Une tarification du carbone est « porteuse de nombreuses opportunités »

La fixation d’un prix du carbone est essentielle pour une transition vers une société bas carbone et est porteuse « de nombreuses opportunités », a souligné mercredi la ministre fédérale de l’Energie et du Développement durable, Marie-Christine Marghem, à l’occasion d’un colloque marquant le lancement d’un vaste débat national sur le prix du CO2 en Belgique.

Mettre un prix sur le carbone incite en effet les acteurs économiques -consommateurs et entreprises- à changer leurs comportements et à adapter leurs choix d’investissements en faveur de solutions moins émettrices de gaz à effet de serre (GES), ont rappelé mercredi de nombreux intervenants.

Une tarification du carbone permettrait « de réaliser des réductions d’émissions de gaz à effet de serre, de créer des emplois, notamment par un glissement fiscal, d’améliorer à terme l’indépendance énergétique du pays, de stimuler l’innovation et de contribuer à réduire la pollution de l’air », a résumé Mme Marghem.

Dans le contexte de l’accord de Paris sur le climat, entré en vigueur fin 2016, la Belgique est appelée à réduire ses émissions de GES de 80 à 95% d’ici 2050 par rapport au niveau de 1990.

Actuellement, plus de 60% des émissions en Belgique ne sont pas concernés par un prix sur le carbone. Les près de 40% restants sont par contre couverts par le système européen d’échange de quotas d’émissions de CO2, dit « ETS », qui couvre notamment les producteurs d’énergie, une grande partie de l’industrie et les compagnies aériennes européennes.

Le débat initié par la ministre Marghem portera sur les secteurs dit « non ETS », soit essentiellement les bâtiments, les transports et l’agriculture. Il veillera à associer un maximum de parties prenantes de la société belge et sera organisé par l’administration tout au long de l’année 2017, notamment via cinq workshops, avec l’aide de consultants. Ces derniers « travailleront de manière totalement neutre, devront aboutir à des propositions respectant le principe de neutralité budgétaire et aborderont également les mesures devant accompagner une telle réforme », a également annoncé la ministre fédérale.

Au sujet des questions climatiques et énergétiques, Mme Marghem a annoncé une réunion, ce 30 janvier, avec ses homologues des Régions en charge de l’Energie, « pour la mise en place d’un pacte énergétique national. » La Belgique travaille également à un plan « énergie-climat 2030 » dont un brouillon doit être remis en 2018 à la Commission européenne.

Le vice-président de la Commission européenne chargé de l’union énergétique, Maros Sefcovic, a félicité la Belgique de se lancer dans un tel débat sur le prix du carbone, estimant qu’il est important d’avoir ce type de débat dans tous les Etats membres de l’UE. « Il se rapporte à une question fondamentale: comment voulons-nous vivre dans cinq, 10, 20 ans? »

Le directeur « Environnement » de l’OCDE, Simon Upton, a pour sa part souligné que les émissions de gaz à effet de serre de la Belgique avaient augmenté depuis 1990 dans certains secteurs « non-ETS », singulièrement le transport, alors qu’elles ont sensiblement baissé dans les secteurs ETS.

Le responsable de l’OCDE a aussi rappelé l’importance d’une approche globale cohérente pour éviter que d’autres mesures fiscales, comme un avantage sur les voitures de société, ne viennent contrecarrer les effets bénéfiques d’une tarification sur le carbone, qu’il préconise, à terme, supérieure à 30 euros la tonne de CO2.

Le colloque s’est clôturé sur les exemples, présentés comme largement positifs, de la France, la Suède et l’Irlande, trois pays de l’UE ayant mis en place une taxe spécifique sur le CO2. Dans l’Hexagone, la « composante carbone » est fixée en 2017 à un peu plus de 30 euros par tonne de CO2 et devrait atteindre progressivement 100 euros la tonne en 2030.

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