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Une année à l’école primaire coûte 929 euros aux parents

Alors que l’enseignement est censé être constitutionnellement gratuit, une année scolaire coûte en moyenne près de mille euros par enfant dans l’enseignement primaire et pas loin des 200 euros dans le maternel, selon une nouvelle enquête publiée mercredi par la Ligue des familles.

Comme elle le fait maintenant depuis trois ans déjà, la Ligue a sondé une cinquantaine de familles en Fédération Wallonie-Bruxelles représentant un total de 83 enfants sur les différents frais liés à leur scolarité, que ce soient en termes de fournitures, de repas à la cantine, de voyages et autres sorties scolaires. Conclusions: dans le primaire, une année coûte en moyenne 929 euros aux parents, contre 183 euros dans le maternel.

Des chiffres stables depuis le début de ces enquêtes menées par la Ligue. « Rien n’a bougé depuis l’année passée », peste son directeur, Patrick Binot. « Les factures sont toujours chères pour les parents qui ne sont pas suffisamment informés des règles. Et certaines écoles ont toujours des pratiques illégales. Notre but n’est toutefois pas de pointer les directeurs dont certains se retrouvent dans des situations tellement compliquées au niveau budgétaire qu’ils sont obligés d’enfreindre la loi… ».

L’enquête, qui n’a porté cette année que sur le seul enseignement fondamental (maternel et primaire), montre à nouveau un grande disparité des coûts d’une école à l’autre, sans différence notable toutefois selon les réseaux d’enseignement (officiel ou libre).

Ainsi, si dans certaines écoles les fournitures demandées ne représentent qu’une somme de 25 euros, dans d’autres elles peuvent atteindre un total de 180 euros. Un tiers des parents sont par ailleurs toujours confrontés à des pratiques illégales, comme la facturation du journal de classes ou de manuels scolaires, voire le refus de rendre le bulletin en cas d’impayés.

Quatre-vingt pour cent des répondants n’inscrivent pas leurs enfants aux repas chauds offerts par les écoles, dont le coût moyen est de 3,5 euros. Le rapport qualité/prix de ceux-ci est en effet jugé insuffisant, selon ce sondage.

Face à l’allongement des listes de rentrées (jusqu’à 37 articles parfois), au manque de clarté des forfaits demandés, et aux voyages de classe tournant autour des 230 euros en moyenne dans le primaire – 950 euros même pour une classe de neige -, les parents sont de plus en en plus animés par un sentiment d’incompréhension et de ras le bol, avertit mercredi la Ligue des familles.

Selon elle, cette non-gratuité de l’enseignement « pollue » en réalité la relation triangulaire entre les parents, les enfants et le personnel de l’école en cas de difficultés de paiement. Les enfants issus de milieux modestes sont en effet parfois stigmatisés, ce qui alimente logiquement la sélection des publics dans les écoles, souligne la Ligue Face à ce constat, celle-ci a réitéré mercredi sa revendication d’une gratuité « pleine et entière de l’école », mais aussi une meilleure application du cadre légal déjà en place, avec des sanctions pour les écoles qui ne s’y soumettraient pas.

La Ligue reconnaît que, sur base des coûts révélés par son enquête, la gratuité de l’enseignement exigerait « plusieurs centaines de millions d’euros » supplémentaires, ce qui semble difficile dans la contexte budgétaire actuel de la Fédération. « Mais au-delà de ce nécessaire refinancement, on peut aussi prendre d’autres mesures pour faire baisser les frais liés à la scolarité », fait valoir Patrick Binot. « On pourrait par exemple imaginer un plafonnement des prix des voyages scolaires, voire la création de groupes d’achat de fournitures ».

La Ligue entend d’ailleurs jouer un rôle plus actif dans ce domaine d’ici la rentrée 2016, a-t-elle annoncé mercredi. D’ici là, l’organisation compte bien continuer à plaider la cause de la gratuité de l’enseignement dans le cadre des travaux du « Pacte pour un enseignement d’excellence » lancé il y a peu par la ministre de l’Education, Joëlle Milquet (cdH).

Un premier rapport intermédiaire présenté fin juin par les différents acteurs de l’école avait inscrit la gratuité parmi la (longue) liste des ambitions du processus. Un objectif que la Ligue espère voir confirmé lors de les conclusions finales de ce vaste chantier. Celles-ci sont attendues au printemps prochain.

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