© Filip Van Roe

Un séparatiste N-VA au pays des merveilles wallonnes

Vendredi dernier, le président N-VA du Parlement flamand, Jan Peumans, a passé une journée à travers la « Wallonie qui gagne ». Invité par son homologue wallon, Patrick Dupriez (Ecolo), le séparatiste limbourgeois a rappelé son amour pour la Wallonie. Entre deux rigolades, personne n’a osé parler politique.

C’est une vraie rencontre du troisième type. D’un côté, Jan Peumans, président du Parlement flamand, l’un des ténors de la N-VA et séparatiste auto-proclamé, piaffant déjà d’impatience dans l’attente d’une septième (et ultime ?) réforme de l’Etat. De l’autre, une invitation signée Patrick Dupriez, aux rênes du Parlement wallon, proposant à son « ami » limbourgeois de parcourir, le temps d’une journée, vendredi 8 février, une Wallonie positive, gagnante, conquérante. Histoire de tordre le cou aux clichés communautaires. Et de montrer ce que le Sud du pays a dans le ventre.

Grand amateur de stages en entreprise et de bons restos, le nationaliste flamand de 62 ans est ainsi passé par Charleroi (Alstom, Techno-Futur) et Namur

À côté du mandataire N-VA, le sourire protocolaire placardé sur le visage de Patrick Dupriez a tenu bon. Même lorsque les discussions ont porté enfin sur l’avenir du pays, au beau milieu d’un diner gastronomique au restaurant étoilé l’Eveil des sens. « Oui, il y a encore des choses que l’on peut faire ensemble », a assuré Jan Peumans. « Certains enjeux sont transfrontaliers. Mais ils devront être négociés dans le cadre d’une confédération, ça c’est clair. » La contradiction évidente avec le séparatisme prôné quelques jours plus tôt a été rapidement évacuée par le président du Parlement wallon. « Même si nous ne sommes pas d’accord sur ce point, la concertation entre les Régions est d’autant plus importante aujourd’hui. »

A Namur, discours de bienvenue en néerlandais du bourgmestre Maxime Prévot : « La Flandre a bien plus vite compris que nous l’importance d’utiliser les leviers de la créativité et de l’attractivité pour son développement économique. Nous devons nous en inspirer. »

Au terme de la dernière visite dans la « Wallonie gagnante », au musée namurois Félicien Rops, l’élu N-VA a livré en toute franchise son sentiment sur cette journée. A-t-elle au moins permis de changer un peu sa vision de la Wallonie ? « Non, ça ne change rien pour moi ! », tranche l’homme de Riemst. « Je savais déjà que la Wallonie est une belle terre d’accueil en redressement sur le plan économique. Tout ça, je l’ai déjà dit dans mon parti. Je fais des stages en Wallonie, je mange dans les restaurants en Wallonie et je fais mes courses en Wallonie. Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? ».

Trois leçons à tirer de cette visite :

1) Jan Peumans n’a jamais prononcé le mot « Belgique ».
2) Au bout du compte, ces visites donnent un argument supplémentaire à la N-VA. Le parti séparatiste peut se permettre d’opter pour une ligne de conduite bien plus consensuelle : si la Wallonie se porte de mieux en mieux, pourquoi a-t-elle encore tant besoin de la Flandre ?
3) Si la journée a permis aux deux présidents de parlement d’entretenir une connivence souhaitable en vue de relations sereines, elle ne change strictement rien. Jan Peumans va aussi inviter prochainement son homologue à passer une journée dans la Flandre qui gagne mais les seules suites concrètes de cette journée ne seront que protocolaires.

Juste avant de reprendre la route vers le Limbourg, le nationaliste flamand a partagé le rêve secret qu’il aimerait concrétiser dans quelques années : celui de venir vivre en Wallonie, non loin de l’Abbaye de Val-Dieu. Lorsqu’il aura pris sa pension…

Christophe Leroy

Le reportage complet dans Le Vif/L’Express de cette semaine

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire