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Un régime présidentiel n’est pas toujours moins cher qu’une monarchie

Muriel Lefevre

Toutes les nouvelles lunes une polémique éclate sur le rôle de la monarchie et ses coûts. La dernière en date est la controverse sur la dotation de la reine Fabiola. Mais en réalité un régime présidentiel n’est pas toujours moins cher.

Dans la foulée de la polémique sur la dotation de la reine Fabiola, Johan Vande Lanotte (SP.A) a suggéré de remplacer les dotations par des budgets que l’on pourrait contrôler. Le rôle du roi est également – et à nouveau – remis en question. Chacun y va de son petit commentaire comme Didier Reynders (MR) pour qui il n’est pas nécessaire que le roi signe chacune des lois.

Herman Matthijs (Professeur à la VUB et UGent): Ces discussions ressortent régulièrement du bois. Si le roi signe plus les décrets des communautés et des régions, il continue pourtant à le faire pour les lois fédérales, les conventions et les arrêtés royaux. Il pourrait parfaitement s’en abstenir. En suède par exemple, c’est le président du parlement qui signe tout cela. On pourrait aussi s’interroger sur le rôle du roi lors de la formation des gouvernements. Si l’on veut changer les attributions du roi, cela demande une modification de la constitution qui ne peut se faire qu’avec une majorité de deux tiers. Autant le dire tout de suite: celle-ci ne sera pas facile à obtenir. A contrario, toucher aux dotations n’exige qu’une majorité simple. S’attaquer à ces dernières est donc plus réaliste.

Comment se fait-il que les politiques soient responsables du rôle et du financement de la maison royale ?

Matthijs: C’est comme ça. Ce sont deux dossiers que les politiques auraient pu régler depuis belle lurette. L’on a pu observer à l’étranger des exemples de réussites aussi bien en ce qui concerne la modernisation de la monarchie que la transparence de ses comptes. C’est peut-être le moment pour les politiques de joindre la parole aux actes. Si rien ne bouge aujourd’hui, nous sommes repartis pour un tour.

Est-ce qu’un régime présidentiel coûterait moins à la population ?

Matthijs: Pas nécessairement. En Allemagne la liste civile de la présidence s’élevait à 30,7 millions. En France, qui a une liste civile très transparente depuis Nicolas Sarkozy, elle s’élève elle à 111 millions. Dans une république il n’y a certes pas de dotation, mais les présidents, une fois qu’ils ont quitté le pouvoir, continuent à percevoir une pension, et ce peu importe le nombre de présidents qui sont encore en vie. Ce qui peut vite représenter une somme rondelette. En France, il y a 5 ex-présidents. Idem en Allemagne. Sans mentionner les frais de fonctionnement qui ne s’arrêtent pas avec la fin de leur mandat. Ils ont encore droit à du personnel et une équipe de protection. La durée du maintien de ces frais dépend d’un pays à l’autre. Mais un régime présidentiel n’est donc certainement pas par définition moins coûteux qu’une monarchie.

(EP)/Trad ML

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