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Un rapport secret accable nos prisons

Un rapport interne du service de l’inspection des prisons est accablant pour les établissements pénitentiaires belges: sur 36 prisons, 30 ne sont pas dans un état acceptable, rapportent lundi les quotidiens du groupe Sud Presse. Seule la prison d’Ittre ne suscite aucune inquiétude.

Les systèmes de sécurisation laissent à désirer presque partout. Circuit de surveillance vidéo défaillant, interphones hors service, détection incendies pas aux normes, … les problèmes sont nombreux.

L’hygiène est également douteuse, par exemple à Forest, où « on voit des souris courir sur les steaks », selon un témoignage de gardien.

Le ministre de la Justice Stefaan De Clerck parle d’un rapport « qui est déjà dépassé ». Le directeur de la prison de Lantin, Francis Dejon, relativise également, estimant que le rapport « exagère certains points ».

Juste un document de travail

Le rapport relatif à l’état des prisons en Belgique n’émane pas d’un service d’inspection, contrairement à ce qu’indiquent certains journaux, mais du service d’appui, bâtiments et sécurité (SABS), a précisé lundi Laurent Sempot, porte-parole de la direction générale de l’administration pénitentiaire. Ce document de travail interne datant de septembre avait été présenté aux syndicats.

Ce monitoring est effectué tous les six mois par le service d’appui, bâtiments et sécurité et est destiné à la Régie des bâtiments et non au ministre de la Justice. « Tous les six mois, un monitoring est effectué pour voir ce qui a évolué ou parfois régressé et définir de nouvelles priorités », explique M. Sempot. Le document de travail n’aborde donc que des points liés aux infrastructures et non les conditions de détention.

L’OIP n’est pas surprise

La section belge de l’Observatoire International des prisons n’est pas surprise par le contenu du document. Pour l’OIP, la situation « ignoble » dans les prisons belges s’aggrave.

Dans son dernier rapport datant 2008, la section belge de l’OIP indiquait qu’aucune politique globale de rénovation des prisons n’était entreprise alors que 20 établissements pénitentiaires datent du 19ème siècle. « En 2007, le bâtiment des cuisines de Forest a dû être fermé pendant plusieurs mois parce qu’il menaçait de s’effondrer. Termonde a montré la vétusté de ses locaux par l’évasion de 28 détenus en août 2006 », peut-on notamment lire dans le rapport de l’OIP.

« Rats, souris et cafards sont régulièrement rencontrés dans les différentes prisons parfois même jusque dans les frigos des cuisines. Dans certains établissements, les cuisines ont été déclarées impropres à l’emploi à l’issue d’une inspection (…). Des couvertures et des chaussures passent d’un détenu à l’autre sans avoir été lavées ».

Ce rapport de 2008 reste d’actualité selon la présidente de la section belge de l’OIP, Delphine Paci.

« Il y avait 5.000 détenus en 1980 pour plus de 11.000 aujourd’hui alors que la criminalité n’est pas en hausse. Augmenter les places de prison ne sert à rien. Comme pour les places de parking, cela crée un appel d’air », considère Mme Paci.

Pour l’OIP, l’argent public devrait être dépensé pour améliorer les conditions de détention et financer des alternatives à celle-ci et non pour des places dans des nouvelles prisons en dehors des villes ou même de Belgique, comme à Tilburg.

Le Vif.be, avec Belga

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