Gérald Papy

Un président de gauche dans une France majoritairement de droite

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Les résultats du deuxième tour de l’élection présidentielle en France s’annoncent particulièrement incertains et serrés le 6 mai.

La logique mathématique issue du premier tour (47 % pour la droite Sarkozy + Le Pen + Dupont-Aignan, 43,8 % pour la gauche Hollande + Mélenchon + Joly + Poutou + Arthaud et 9,1 % pour le centre de François Bayrou) devrait conduire à un deuxième mandat de Nicolas Sarkozy. Et pourtant, c’est François Hollande qui reste le favori de la course à l’Elysée. Pourquoi ?

Sa première déclaration d’après-scrutin l’a confirmé dimanche soir. La candidate du Front national Marine Le Pen, la véritable surprise de ce 1er tour, inscrit son action dans une stratégie non d’alliance mais d’édification d’une « nouvelle droite ». Elle dénonce autant le programme de l’UMP que celui du Parti socialiste. Son objectif n’est pas de faire battre François Hollande le 6 mai mais d’apparaître, à côté du parti de la droite classique affaibli par l’échec de Sarkozy, comme la principale force d’opposition à un gouvernement de… gauche. Or, même si la stratégie d’état-major du FN n’est pas benoîtement appliquée par l’électeur, la déperdition des voix du Front national pourrait être grande. Un institut de sondage prédit un report des voix du FN de 60 % en faveur de Nicolas Sarkozy, de 18 % au profit de François Hollande et de 22 % en abstention (au Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, le report des voix en faveur de François Hollande atteindrait les 86 %).

Ce constat place Nicolas Sarkozy face à un dilemme. Dans la nouvelle campagne électorale qu’il a tant appelé de ses voeux, celle de la confrontation des projets, du « devoir de vérité et de clarté », quel électeur doit-il séduire pour espérer rattraper son retard sur François Hollande ? Celui de Marine le Pen ou celui du centriste François Bayrou, lui aussi incontournable bien qu’amoindri arbitre du second tour ? Pour triompher, le Président sortant s’expose à devoir faire le grand écart dans les quinze jours qui viennent ; ce qui risque d’écorner un peu plus encore sa crédibilité, déjà ébranlée par les promesses non tenues.

A cette aune, François Hollande peut-il se contenter de voir venir les événements et de gérer une situation a priori favorable ? Le discours extrêmement prudent qu’il a prononcé dimanche soir dément tout excès de confiance. Car lui aussi doit réussir à convaincre une partie des électeurs de François Bayrou s’il veut l’emporter. Bref, la deuxième partie de la campagne électorale française se profile principalement comme une course aux voix du centre dans un pays qui a, une nouvelle fois, accordé une place inédite en Europe au vote protestataire et aux extrêmes, de droite et de gauche.

Gérald Papy

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