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« Un gouvernement Leterme III est peu plausible »

Pascal Delwit, professeur de Science politique à l’Université libre de Bruxelles, commente la crise politique.

La décision de l’Open VLD est-elle motivée uniquement par des considérations partisanes sur l’échiquier politique flamand ?

Pascal Delwit : C’est l’objectif principal. L’Open VLD se remet difficilement de deux revers électoraux, en 2007 et en 2009. Il est dans une situation inconfortable, en étant dans la majorité au niveau fédéral et dans l’opposition au niveau flamand. Et au fédéral, il fait partie d’un gouvernement qui, au Parlement, est minoritaire du côté flamand. En plus, il dispose d’un nouveau leader qui doit se faire un prénom. Néanmoins, il y a de quoi être surpris par l’attitude de l’Open VLD. Ceux qui provoquent les crises n’en sont pas en général les bénéficiaires. D’autant que le communautaire n’est pas le dossier de prédilection des libéraux.

Y a-t-il une surenchère du côté flamand, une volonté d’apparaître comme celui qui défend le mieux les intérêts flamands ?

Oui. Mais cela apparaît très difficile parce que chaque parti fait de la surenchère. Et pour égaler le Vlaams Belang, qui revendique l’indépendance dans l’article 1 de son programme, la voie est sans issue. Or l’Open VLD tient plutôt sa légitimité des questions économiques et fiscales.

Les propositions de Jean-Luc Dehaene autorisaient-elles le lancement d’une véritable négociation malgré les commentaires négatifs des dirigeants francophones ?

Certes, on semblait encore loin d’un accord. On avait le sentiment que la période préalable aux vacances n’avait peut-être pas été suffisamment mise à profit pour le préparer. Les propositions initiales de Jean-Luc Dehaene étaient très éloignées d’un début de satisfaction des demandes francophones. Tant qu’on est dans l’impossibilité de toucher au tabou de chaque communauté, on est bloqué. Mais les francophones avaient ouvert la porte en acceptant l’idée d’une scission de BHV contre des compensations. Les négociations s’annonçaient cependant complexes. Mais on le savait. Elles l’ont été sous des gouvernements Tindemans, en 1980, 1988, 1993, et puis, en 2002 et en 2005.

Il est délicat de faire de la politique-fiction. Mais pensez-vous que l’on se dirige vers des élections ou vers un gouvernement Leterme III ?

Il est effectivement difficile de se lancer dans de la prospective. Mais il apparaît peu probable que l’Open VLD revienne en arrière. Je ne vois pas non plus le SPA entrer au gouvernement à un an des élections. Or un gouvernement alternatif qui dispose d’une majorité flamande au Parlement nécessiterait qu’il soit élargi au SPA et que l’Open VLD le réintègre. Peu plausible. L’hypothèse d’élections anticipées l’est davantage.

Vous êtes aussi un spécialiste des questions européennes. Avez-vous le souvenir d’un précédent où un pays, à l’aube d’assumer la présidence de l’Union européenne, ait été dans une situation aussi délicate ?

Non, une telle situation avant une présidence, je n’en ai pas le souvenir. On se remémore la crise politique qui a frappé le gouvernement tchèque. Mais elle était intervenue en cours de présidence.

G.P.

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