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« Un gouvernement d’urgence ne ferait que retarder l’issue de la crise »

Patrick Develtere préside l’ACW, le pendant flamand du Mouvement ouvrier chrétien, très proche de l’aile gauche du CD&V. Il insiste pour que la réforme de l’Etat n’éclipse pas le socio-économique. Mais avertit : former un gouvernement d’urgence, comme le veulent les francophones, cela ne résoudra rien.

Il y a peu, vous avez déclaré dans La Libre Belgique : « Ce que nous attendons du CD&V, c’est qu’il travaille aussi le C (chrétien) et le D (démocrate), pas seulement le V (vlaams). » Vous trouvez que le CD&V est devenu trop flamand ?

Patrick Develtere : pas du tout. Je dis simplement qu’à côté du communautaire, qui domine pour l’instant les débats, il y a d’autres sujets importants. La réforme de l’Etat prendra du temps. Pendant ce temps-là, nous conseillons à nos mandataires au sein du CD&V de ne pas négliger le socio-économique. C’est sur ce domaine aussi que la démocratie-chrétienne se différencie des autres courants politiques. Mais j’ai toujours dit que nous étions pour une réforme sociale de l’Etat. La scission de BHV, la réforme de la loi de financement, ce sont des problèmes qui doivent être résolus. Nos institutions sont trop complexes. Il faut rendre les paquets de compétences plus homogènes, supprimer certains chevauchements entre le fédéral et le régional. Cela implique des transferts de compétences, afin que chaque compétence soit gérée au niveau de pouvoir adéquat.

Faire en sorte que les compétences soient gérées au niveau adéquat, cela veut dire que certaines d’entre elles pourraient aussi être transférées du régional vers le fédéral ?

C’est de la théorie, ça. Ce n’est pas à l’ordre du jour. Je ne vois aucun exemple pour lequel cela aurait aujourd’hui du sens. Mais la sécu, pour nous, doit absolument rester au fédéral.

La N-VA veut scinder l’Onem et les allocations de chômage. L’ACW s’y opposera ?

Nous trouvons en effet que c’est une très mauvaise idée.

Que pensez-vous de la stratégie du CD&V, très suiviste par rapport à la N-VA ?

Nous sommes un mouvement social indépendant. C’est aux partis, pas à moi, de déterminer la stratégie politique. Nous avons juste dit, au moment où Johan Vande Lanotte a remis sa note, qu’il ne pouvait pas y avoir de rupture dans les négociations. Cette note devrait être améliorée mais, pour nous, c’est un texte utile.

« N’oublions pas le socio-économique », dites-vous. En attendant qu’un accord institutionnel soit conclu, pourquoi ne pas constituer un gouvernement d’urgence, axé sur le socio-économique, comme l’ont proposé Elio Di Rupo et plusieurs autres dirigeants francophones ?

Nous ne sommes pas du tout pour un gouvernement d’urgence. Cela ne ferait que prolonger les négociations sur la réforme de l’Etat, et cela retarderait encore l’issue de la crise.

ENTRETIEN : FRANÇOIS BRABANT

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