Christophe Lacroix. © Belga

Un budget « de rigueur » défendu par Lacroix, avec un effort relatif sur les titres-services

Le ministre wallon du Budget Christophe Lacroix défendait lundi en commission du parlement wallon un budget régional qu’il dit « de rigueur », dont il a fortement relativisé une des mesures-phares: la réduction du soutien public aux titres-services.

Cette réduction de deux tiers de la déductibilité fiscale pour les utilisateurs de titres-services ne touchera pas les 89% de contribuables wallons qui ne bénéficient pas du système, a-t-il relevé.

Quant à l’impact pour l’emploi sur le secteur, le prix remboursé à l’employeur – qui passe de 73% non indexé à 100% indexé – doit être vu comme une compensation pour garantir des emplois pérennes, a-t-il ajouté. Au fil du temps, cette mesure dégagera 38 millions d’euros pour le secteur, selon lui.

Il rappelle également que le prix du titre-service (9 euros) sera maintenu pendant 5 ans, un critère « qui a beaucoup plus d’impact que la déductibilité fiscale » en matière de lutte contre le travail au noir.

Christophe Lacroix (PS) a également annoncé son ambition de modifier en 2016 la redevance radio-télé. L’objectif n’est pas budgétaire – la réforme sera neutre à cet égard – mais le système sera « plus juste », c’est-à-dire qu’il sera « fonction de la capacité contributive de chacun ».

A ses yeux, le gouvernement wallon (PS-cdH) touche le moins possible à la poche du citoyen car il ne prend pas de mesures linéaires, au contraire du gouvernement fédéral.

L’opposition MR s’est montrée particulièrement virulente sur le précompte sur l’outillage des entreprises. Le gouvernement présente cette mesure comme un incitant à l’investissement dans de nouvelles machines, une fois passée la période d’exonération de 5 ans.

« La proposition doit être rediscutée avec les partenaires sociaux pour trouver un point d’équilibre et de conciliation », a concédé M. Lacroix face aux inquiétudes d’un député de sa majorité, Dimitri Fourny (cdH). Et puis, « quelles machines seront déjà dépréciées après cinq ans », s’est interrogé Georges-Louis Bouchez (MR).

Ce dernier a souligné les 13 millions d’euros que le saut d’index du gouvernement fédéral rapportera en 2015 au budget wallon, mais pour Christophe Lacroix, c’est une goutte d’eau à côté des pertes qu’il générera sur les années suivantes. « Procès d’intention », selon Jean-Luc Crucke (MR).

Le ministre a bien l’intention d’utiliser ces 13 millions d’euros pour compenser le saut d’index pour les fonctionnaires, via le 13e mois ou une hausse des chèques repas. « Attention! », l’a mis en garde Dimitri Fourny (cdH), pour qui il ne faudrait pas créer une discrimination avec les autres catégories de travailleurs (ouvriers, employés).

Dans les rangs d’Ecolo, Stéphane Hazée a vivement critiqué le choix de trajectoire budgétaire du gouvernement, qui fait porter les efforts principaux sur 2015-2016, et recourt insuffisamment aux outils de responsabilisation fiscale autorisés par la réforme de l’Etat.

Il y voit une stratégie électoraliste en prévision des élections de 2018-2019. « Vous appliquez le programme du MR, qui au fédéral a pourtant choisi une trajectoire plus souple », s’est-il exclamé.

Pour le ministre, il existe pourtant une réelle contrainte, à savoir celle de maintenir le déficit de la Belgique en dessous des 3% du PIB.

Jean-Luc Crucke (MR) a rappelé que les réformateurs n’avaient pas à être convaincus par la nécessité de faire des économies, mais il a dénoncé « la dichotomie du discours de la gauche », lorsqu’elle est dans l’opposition au fédéral et pratique la « realpolitik » au gouvernement wallon, à travers un budget « tout sauf indolore ».

« C’est l’hôpital qui se moque de la charité », a estimé Joëlle Kapompolé (PS), pour qui le gouvernement wallon avait toujours clairement dit que 2015 et 2016 seraient des années difficiles et a donc élaboré un budget « sérieux et responsable ».

Les débats budgétaires se poursuivaient en soirée en commission du Budget, où devait aussi être abordé le décret-programme, sorte de fourre-tout gouvernemental auquel l’exécutif n’avait plus eu recours depuis plusieurs années.

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