Gérald Papy

Tweet de Trierweiler : une grande bêtise à plusieurs titres

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

L’initiative de la compagne du Président français a contrecarré la stratégie de rupture de Hollande. Les conséquences ne sont pas anodines.

Quel que soit l’angle que l’on prenne pour l’analyser, le tweet de la compagne de François Hollande apportant son soutien au rival de Ségolène Royal dans la campagne pour les législatives à La Rochelle se révèle être une grande bêtise.

Politiquement, l’appui de Valérie Trierweiler au candidat dissident socialiste Olivier Falorni ruine la stratégie du Parti socialiste français qui avait réussi à se rassembler derrière la candidate à la présidence de l’Assemblée nationale, ce qui était loin d’être la règle par le passé. Dimanche, les résultats de cette circonscription seront évidemment scrutés à l’aune de cet incident. Et les règlements de comptes entre les éléphants du PS, dont la campagne présidentielle avait presque réussi à occulter le rôle, reprendront de plus belle si la prétendante de 2007 à l’Élysée n’est pas élue. Une hypothèse pas tout à fait exclue vu le ralliement de l’UMP au « candidat local », une argumentation pareillement développée dans le tweet de Valérie Trierweiler qui vante l’ancrage du candidat de terrain. Sous-entendu : face à la personnalité parachutée.

Politiquement aussi, et même s’il ne faut pas en surévaluer l’impact, c’est un couac dont, entre les deux tours des législatives, le Parti socialiste se serait bien passé après un premier round qui n’annonçait déjà pas un raz-de-marée rose. Enfin, l’image même du président François Hollande est écornée parce que la bourde de sa compagne annihile un début de mandat quasi sans faute et qu’un mois à peine après son investiture, elle contredit un de ses axes principaux, la volonté de rupture avec l’ère Sarkozy. Le tweet de Valérie deviendra-t-il le « dîner au Fouquet’s » de Hollande ?
Humainement, le tweet de Valérie Trierweiler laisse une impression détestable. Celle d’une femme qui n’a pas su apaiser les relations avec l’ex de son compagnon et qui opte pour la vengeance sur le terrain politique et publiquement.

Enfin, quand bien même Valérie Trierweiler espérerait, une fois l’orage passé, tirer les dividendes de son initiative pour valoriser une image de « Première Dame » libre et indépendante, à l’image de ce qu’a pu être une Danièle Mitterrand, elle a tout faux. Compagne du Président, elle ne se grandit pas en marquant sa différence dans une bataille de bacs à sable sans véritable portée idéologique. Journaliste, comme elle prétend vouloir le rester, elle se discrédite en devenant acteur politique.

Plus qu’une bêtise, le tweet de Valérie Trierweiler est une faute. La République exemplaire de François Hollande mérite mieux que ces luttes d’égo dont on croyait être préservé avec le départ de Nicolas Sarkozy.

Gérald Papy

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