Des migrants dans un camp en Hongrie. © REUTERS

« Trop de réfugiés vivent isolés du reste de la population »

Le Vif

« Légal ou pas », le président du CPAS de Maarkedal (Flandre orientale), Joris Nachtergaele (N-VA), n’attendra pas le fédéral pour réclamer des petits boulots aux demandeurs d’asile qui arriveront dans sa commune. « Je ne vais pas attendre sans rien faire qu’ils partent vers les grandes villes et se fondent dans l’anonymat. » Interview.

A la demande du gouvernement fédéral, Maarkedal ouvrira quatre places supplémentaires pour accueillir dès jeudi des candidats réfugiés fuyant les guerres au Proche et Moyen-Orient. Interviewé par nos confrères du Knack, Joris Nachtergaele précise : « Je ne vais pas attendre sans rien faire qu’ils partent vers les grandes villes et se fondent dans l’anonymat. »

Mais ce geste ne peut être gratuit, selon Joris Nachtergaele (N-VA): « Nous allons gentiment insister pour qu’ils s’engagent quelques heures par jour pour la commune », dit-il, citant des petits boulots comme du nettoyage de rue, du jardinage public, de l’aide dans les maisons de repos, ou encore la rénovation du centre d’accueil proprement dit. « Ca dépendra aussi bien sûr du profil qu’ils ont. Un médecin par exemple, nous pourrions l’intégrer dans l’équipe locale de Kind en Gezin », l’équivalent flamand de l’ONE, selon lui.

Cette idée de « mettre au travail » des demandeurs d’asile lui est venue des Pays-Bas. « Chez Vluchtelingenwerk Nederland (travail des réfugiés Paix-Bas), ils appliquent ce système depuis 2013 et ils pensent que c’est une excellente façon de favoriser l’intégration au sein de la société. » En Flandre on est plus mitigé devant ce constat et on argue que ces réfugiés ont dû parfois faire face à de véritable drame. Des traumatismes importants dont on doit tenir compte. Joris Nachtergaele s’en défend :  » Nous allons bien entendu tenir compte du passé de ces personnes. Ceux qui ne seraient psychologiquement pas capable d’aider, ne seront bien entendu pas mis à contribution. »

L’homme estime sur base d’expériences passées dans sa commune que trop de réfugiés ont vécu isolés du reste de la population. « Quel est l’intérêt de les obliger à ne rien faire durant 3 à 6 mois, comme je l’ai vu dans le passé ? Sans aucun stimulant ou motivation. De cette façon, ils perdent leur fierté. J’espère qu’il y aura une collaboration mutuelle entre la population et les demandeurs d’asile. Que ces derniers apprendront à mieux connaître notre société et que la population locale entende leur histoire. C’est pour cela que j’aimerais me rendre avec certains d’entre eux dans les écoles accompagnées d’un interprète. »

« Nous savons que ce n’est pas encore légal, mais je ne vois pas pourquoi nous devrions attendre le gouvernement fédéral pour inciter les demandeurs d’asile. Nous prenons par ailleurs les mêmes engagements que les CPAS: nous allons leur donner des cours de Néerlandais par exemple. Je ne veux pas attendre sans rien faire que ceux-ci s’en aillent vers les grandes villes et se fondent dans l’anonymat. Une fois que ces personnes sont reconnues, ils tombent de toute façon sous nos compétences jusqu’à ce qu’ils puissent assurer par eux-mêmes leurs moyens d’existence. »

Le président de la N-VA Bart De Wever avait suscité la controverse la semaine dernière en souhaitant réduire les droits des réfugiés, tandis que l’Open Vld a dit vouloir conditionner l’octroi des aides sociales, voire contraindre à prester des services à la collectivité. Le MR avait refermé la porte, rappelant notamment que le statut du réfugié était réglé par des conventions internationales.

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