Marie Gathon

« Très chère SNCB, en plus de raccourcir mes nuits, tu as décidé d’allonger mes journées de travail »

Marie Gathon Journaliste Levif.be

Très chère SNCB, je te côtoie depuis de nombreuses années. Si autrefois, tu étais à mes côtés de manière occasionnelle, tu fais aujourd’hui partie de mon quotidien. C’est avec plaisir que je t’ai côtoyé toutes ces années. Il est vrai que tu as quelques défauts, mais j’ai toujours su m’en accommoder, j’ai même souvent pris ta défense.

Mais il est vrai que depuis le 14 décembre, tu mets ma patience à rude épreuve. Depuis cette date, le train que j’avais l’habitude de prendre ne s’arrête plus à ma gare. Je me suis donc résignée à me lever plus tôt et à attendre une nouvelle correspondance, pendant 20 minutes, tous les matins. Tout ça, pour arriver à la même heure au bureau. Qu’à cela ne tienne, après tout, il y a des usagers moins bien lotis que moi qui vivent dans des villes encore moins bien desservies.

Comme tu le sais, j’ai choisi de vivre à Waremme. De nombreux navetteurs partent travailler tous les matins depuis la gare de cette « cité-dortoir ». Alors quand tu as annoncé ton nouveau plan, je ne me suis pas inquiétée. J’ai même eu le secret espoir que les choses allaient s’améliorer entre nous. J’ai pourtant été déçue ma chère SNCB : en plus de raccourcir mes nuits, tu as allongé mes journées de travail.

Mais ce matin, j’ai carrément pensé à la rupture. C’en était trop. J’ai fait tellement d’efforts pour te comprendre. Je me suis adaptée, remise en question. J’ai même pensé changer de gare. Je constate d’ailleurs que je ne suis pas la seule dans ce cas. Sur le quai, beaucoup de personnes sont mécontentes, dans une proportion que je n’avais jamais constatée auparavant.

Très chère SNCB, je suis dépitée. En plus de raccourcir mes nuits, tu as allongé mes journées de travail.

Ce matin donc, tu nous as annoncé un retard de 12 minutes, puis de 15 minutes, puis de 35 minutes. À ce stade, je tenais le coup. Je n’avais pas envie de céder à la mauvaise humeur ambiante. Mais quand mon second train a lui aussi été annoncé avec 15 minutes de retard, j’ai vraiment perdu patience. Pourquoi ce retard ?! Personne ne nous l’a dit. Aujourd’hui, j’ai donc mis plus de 2 heures 30 pour arriver à mon travail, alors qu’avant ton plan, je mettais 1 heure 15. C’était déjà long, mais je m’y étais faite.

Alors oui, chère SNCB, aujourd’hui j’ai pensé à t’être infidèle. J’ai pensé reprendre ma vieille voiture, quitte à affronter les infernaux bouchons qui m’horripilent encore plus que les retards de train. Mais tu as dépassé les bornes. Que cherches-tu à la fin ? Je n’arrive plus à te comprendre. Serai-je bientôt obligée de renoncer à travailler à Bruxelles pour préserver ma qualité de vie ? Ou devrai-je renoncer à vivre en dehors d’une grande ville ?

Je n’ai pas envie de te perdre, très chère SNCB, nous avons passé de si bons moments ensemble. Je suis même prête à faire encore quelques efforts, mais si toi aussi tu y mets du tien. Je sais que nous sommes nombreux à avoir l’espoir que tu te réveilleras et que tu prendras conscience de ce qui compte vraiment : nous, tes usagers. Je te laisse une dernière chance, mais n’oublie pas que ma patience a des limites.

Bisou.

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