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Transport aérien : le Golfe débarque à Bruxelles

Le Vif

Rien ne semble devoir arrêter le développement d’Emirates, d’Etihad Airways et de Qatar Airways, étoiles montantes du transport aérien mondial. Désormais, les trois compagnies du Golfe opèrent depuis Zaventem. Elles n’y font pas que des heureux.

Pour la première fois ce vendredi 5 septembre, un Boeing 777 200-LR d’Emirates atterrit à Zaventem, inaugurant une liaison quotidienne entre Bruxelles et Dubai. La compagnie rejoint ainsi ses deux voisines du Golfe, Etihad Airways et Qatar Airways, sur le tarmac bruxellois. Toutes trois sont bien décidées à redessiner la carte du transport aérien mondial.

« Bruxelles, capitale européenne et plaque tournante économique, est un important marché pour Emirates. Il y a une demande élevée pour cette route de la part des entreprises, du secteur public et du tourisme. Nous espérons que ce nouveau service pourra stimuler le commerce bilatéral entre les Emirats arabes unis et la Belgique, qui représente actuellement 4 milliards d’euros par an », dixit Tim Clark, le patron britannique d’Emirates, lors de l’annonce de l’ouverture de la ligne, chiffrant à 30 le nombre d’entreprises belges présentes aux Emirats Arabes Unis. Emirates aura tout de même ouvert 146 destinations avant Bruxelles, ce qui relativise l’importance de notre marché pour la compagnie de Dubai. Etihad Airways dessert Zaventem depuis 2006 et Qatar Airways depuis 2011.

Derrière cette déclaration plutôt convenue se cache une ambition d’un tout autre ordre : poursuite de la conquête du monde, ni plus ni moins. A Bruxelles comme partout où elles opèrent, les trois enseignes du Golfe ambitionnent d’embarquer le passager long-courrier vers leur base arrière, au pays d’où elles desservent le monde entier. Chacune a son méga-hub (Abu Dhabi pour Etihad, Doha pour Qatar et Dubai pour Emirates), ultra-moderne et bien placé entre Europe et Asie (à 7 heures de Bruxelles comme de Pékin) et entre Asie et Afrique, soit les deux marchés les plus en développement.

Soucieux de leur diversification économique post-pétrole, le Qatar et les Emirats arabes unis misent sur leurs compagnies aériennes et leurs aéroports pour connecter la région au reste du monde. C’est un choix, une stratégie. « Les compagnies du Moyen-Orient sont le porte-drapeau d’une région qu’elles doivent placer sur l’échiquier mondial », analysait récemment Bernard Gustin, le patron de Brussels Airlines (Le Vif/L’Express du 6 juillet 2014). « Elles n’ont pas un objectif de rentabilité, mais de promotion, elles sont un instrument de marketing au service d’un projet de développement économique large. » Emirates est détenue par le gouvernement de Dubai (un des sept émirats qui composent la fédération des Emirats arabes unis), Etihad Airways est la compagnie nationale des Emirats arabes unis et Qatar Airways est la compagnie nationale de l’état qatarien. Des actionnaires riches et motivés, quoique peu soucieux de transparence financière. Seule Emirates publie ainsi des résultats financiers (bénéfice net de 887 millions de dollars en 2013).

Ces pétromonarchies font avec les avions ce qu’elles font avec le sport. Leurs investissements massifs dans le football, la Formule1, le tennis ou encore le golf servent le même objectif : rendre la région incontournable sur la scène mondiale, la faire exister en dehors de l’or noir et créer de nouvelles raisons de s’y rendre et d’y investir.

Le dossier dans le Vif/L’Express de cette semaine :

  • Une bonne nouvelle pour qui ?
  • Une mauvaise nouvelle pour qui ?

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