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Trams : De Lijn et la Stib élargissent leur réseau

Le réseau de trams de la Stib devrait s’élargir vers Diegem et l’aéroport, tandis que De Lijn veut lancer ses rails vers la capitale. Pour la concertation, repassez plus tard : terrain politique miné…

En 2011, la Stib (transports en commun bruxellois) aura transporté pas moins de 329 millions de voyageurs, soit une hausse de 5,6 % par rapport à 2010. Et d’ici à 2016, la croissance devrait être de 30 %, non seulement en raison de la poussée démographique dans la capitale, mais aussi d’un besoin accru de mobilité et de la diversification des zones d’emplois. A quoi il faut ajouter les mesures préconisées par le plan bruxellois de mobilité Iris 2 : politique de stationnement restrictive, instauration d’un péage urbain… D’un autre côté, 240 000 navetteurs se dirigent chaque jour de Flandre vers la capitale. La conséquence est limpide : l’intégration des réseaux de transports publics est devenue une priorité.

Autant la Stib reste prisonnière des limites bruxelloises, autant De Lijn, héritière avec les TEC de la société nationale des chemins de fer vicinaux, s’y développe à sa guise, car ses lignes ne s’arrêtent pas aux frontières de la Région flamande, comme en témoignent ses innombrables bus qui déferlent jusqu’à la gare du Nord. Et voilà qu’on parle désormais de trams ! Treize nouvelles lignes devraient être créées en Flandre, dont quatre vers et autour de Bruxelles d’ici à 2020. Les premiers tronçons devraient relier la capitale à Boom, Ninove et Heist-op-den-Berg. Une quatrième ligne devrait courir autour de Bruxelles, avec arrêts à Jette, Vilvorde, Zaventem et Tervuren. D’après la ministre flamande de la Mobilité Hilde Crevits (CD&V), les futurs tracés sont destinés à compléter les maillons manquants du futur RER. Cette « vertramming » (tramisation) vient à rebours de la tendance constatée pendant des années, quand on a démantelé toutes les lignes de trams vicinales. Même les rails du tram 58 de la Stib reliant Bruxelles à Vilvorde ont été retirés au début des années 1990. Pour des motifs purement communautaires, disait-on alors. Le tram 44 vers Tervuren avait également été coupé… mais c’était uniquement dans la fiction de Bye- bye Belgium. Preuve que le sujet est sensible. Aujourd’hui, le temps semble arrivé de relier les caténaires entre les Régions.

Dialogue de sourds

Le problème, c’est que la concertation n’est pas souvent au rendez-vous. « Nous vivons encore aujourd’hui une situation de concurrence entre réseaux (et Régions) qui nuit à l’efficacité du transport public et à l’amélioration du service pour tous les usagers », dénonçait au parlement bruxellois le député Serge de Patoul (FDF), pour qui « De Lijn ne respecte pas l’accord de coopération de 1991 ». En commission infrastructures, sa collègue Danielle Caron (CDH) a ainsi fait remarquer que « la Stib et les communes doivent parfois faire face à des modifications de trajet sans avertissement préalable ». Selon elle, la Région flamande et De Lijn n’accordent pas l’importance voulue à la mobilité en Région bruxelloise. Un groupe de travail interministériel a certes été mis sur pied pour améliorer l’offre de transport entre la Flandre et Bruxelles. Mais « dans quelle mesure les communes seront-elles associées ? Comment s’organisera l’interconnexion des réseaux ?

Les nouvelles lignes s’enfonceront-elles dans la ville ou se dirige-t-on plutôt vers la création de plates-formes partagées, à partir desquelles le flux de voyageurs serait dispatché en Région bruxelloise, en l’occurrence par la Stib ? », autant de questions encore posées par Danielle Caron à la ministre bruxelloise des Transports Brigitte Grouwels (CD&V), sans qu’elle ait reçu à ce jour de réponse satisfaisante.

En sens inverse, c’est une autre affaire. Aujourd’hui, seule la ligne 44 de la Stib s’enfonce en territoire flamand. Il a fallu attendre 2011 et le lancement de la ligne de tram 62 sur le boulevard Léopold III, pour qu’on évoque le prolongement de celle-ci vers les bassins d’emplois de Diegem et l’aéroport. Les discussions sont encore loin d’être finalisées. L’appartenance des ministres Grouwels et Crevits au même parti CD&V a permis de relancer la concertation. Mais de la parole aux actes, il y a plusieurs arrêts. « C’est vrai que cela discute un peu plus, reconnaît Serge de Patoul, mais cela reste un dialogue de sourds. En périphérie bruxelloise, De Lijn donne-t-elle autant de facilités à la Stib que la Stib ne le fait à Bruxelles ? » Or l’occasion est belle, selon lui, de donner enfin du contenu à cette « communauté urbaine » inscrite dans l’accord fédéral.

Au sein de la compagnie bruxelloise, on se veut optimiste. « La question de « qui entre dans quelle Région » n’est pas la bonne, répond Kris Lauwers, directeur faisant fonction de la Stib, et également étiqueté CD&V. Si la Région flamande investit pour notre mobilité, on sera très content ! C’est évident que les trams De Lijn devront être connectés au réseau bruxellois. Pour le trajet vers Diegem, on se concertera. Mais pour les lignes qui s’enfoncent loin dans la Flandre, jusqu’à Ninove ou Heist-op-den-Berg, ça, c’est pour les Flamands. Le réseau national, c’est du passé. Le client, de toute façon, s’en fout, du moment qu’il peut voyager avec un seul ticket. » Mais là non plus, on n’est pas encore très avancé.

FRANÇOIS JANNE D’OTHÉE

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