Thierry Denoël

Train Fyra : amateurisme suspect de la SNCB

Thierry Denoël Journaliste au Vif

Marc Descheemaeker, l’administrateur-délégué de la SNCB, a beau pousser des cris d’orfraie en clamant son ras-le-bol d’AnsaldoBreda, le constructeur italien des trains à grande vitesse Fyra, il devra tout de même assumer sa part de responsabilité dans ce fiasco retentissant. Depuis leur mise en route, les nouvelles rames rapides reliant Bruxelles à Amsterdam ont multiplié les couacs.

Au point que vendredi dernier, l’autorité en charge de la sécurité du rail belge a dû interdire, jusqu’à nouvel ordre, la circulation des Fyra. Un comble. Les Pays-Bas ont, eux, carrément suspendu l’achat des trains. Chez nous, de plus en plus voix parlementaires s’élèvent pour réclamer la même attitude de la part de la SNCB.

Tout cela en pleine réforme houleuse des chemins de fer et après le bug de la fuite des données de clients de la SNCB, l’ardoise devient longue. Le nouveau ministre des Entreprises publiques, l’enthousiaste Jean-Pascal Labille (PS), doit déjà éprouver une grande lassitude en essayant son nouveau fauteuil…

Mais bon sang, pourquoi avoir choisi ce constructeur italien à la réputation défaillante ? Il ne faut pas être grand clerc pour savoir qu’aujourd’hui, AnsaldoBreda, du groupe Finmeccanica, bat tous les records de retard de livraison de son matériel ferroviaire. La RATP (l’exploitant du métro parisien) en a fait les frais. Le rail danois aussi qui, face aux pannes successives des nouvelles rames italiennes, a dû en interdire momentanément la circulation, il y a quelques années (le scénario semble se répéter !). Chez nous, les trains Fyra sont attendus depuis 2009.

Amateurisme de la SNCB ? On sait que la compagnie belge n’était pas très chaude pour le projet Fyra, mais les Néerlandais ont mis la pression, d’autant qu’ils voulaient également profiter de la quinzaine de trains commandés pour leur trafic intérieur. La Belgique a donc suivi. A l’époque du lancement du projet et des commandes de matériel, en 2004, c’est Johan Vande Lanotte (SP.A) qui était le ministre compétent et Karel Vinck qui était à la tête de la SNCB.

On peut aussi se demander pourquoi la Belgique a cédé au pressing hollandais pour lancer le Fyra au début de l’hiver, à un moment où les conditions climatiques rendent particulièrement délicat le rodage de nouveaux trains. Cela ne venait plus à trois mois… Sommes-nous, « ferroviairement » parlant, si dépendants de notre voisin néerlandais ? On sait que la Flandre a besoin des Hollandais pour son grand projet de relance du Rhin d’acier qui permettra de relier Anvers à Mönchengladbach (en Allemagne), Via Neerpelt et Weert, en territoire hollandais. Etablir un lien entre les deux relève sans aucun doute du pur fantasme…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire