Toutes les Polonaises ne font pas le ménage

Muriel Lefevre

Depuis que la Pologne a rejoint l’Union européenne, les Polonais sont de plus en plus nombreux en Belgique. Cet afflux commence à transparaître dans une plus grande mixité au sein de la population. Cependant, cette mixité varie d’un sexe à l’autre. Plus de 12 % des Polonaises ont un conjoint belge alors que chez les hommes ce pourcentage s’élève à peine à 3 %. Pourquoi une telle dichotomie?

En 2011, la Belgique comptait 50.000 Polonais. Ce qui fait des Polonais la cinquième minorité la plus importante de Belgique. Beaucoup de Polonais viennent ici avec leur conjoint ou leur conjointe, mais une partie d’entre eux trouve l’amour dans leur pays d’accueil.

Il ressort d’une enquête portant sur les Polonais d’Anvers, effectuée par Kris Vancluysen et Sofie Hennau de l’université d’Hasselt, que 97 % de Polonais ont une relation avec une Polonaise lors de leur séjour en Belgique. Chez les femmes on constate que ce pourcentage est revu significativement à la baisse. Plus de 20 % d’entre elles ont une relation avec quelqu’un qui n’est pas originaire de Pologne. Les relations entre une Polonaise et un Belge sont quatre fois plus fréquentes qu’une relation entre un Polonais et une Belge.

Statut social Selon Elzbieta Kuzma, une chercheuse polonaise à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) « ce constat n’est pas uniquement de mise en Belgique. Il se vérifie aussi dans d’autres pays. L’une des principales raisons est le statut social peu élevé qu’avaient auparavant les Polonais dans l’Europe de l’Ouest. Or si la position sociale d’un homme n’est pas tirée vers le bas si celui-ci entretient une relation avec une femme d’origine étrangère qui se situe plus bas sur l’échelle sociale, l’inverse n’est pas vrai ».

Cependant, les relations belgo -polonaise ne sont pas toujours issues des classes sociales les moins élevées. La Princesse Mathilde en est un parfait exemple puisqu’elle est elle-même issue d’un couple mixte en étant la fille ainée de Patrick d’Udekem d’Acoz et de la comtesse polonaise Anne Komorowski.

Terne, froid, pauvre et corrompu ? Souvent les femmes polonaises sont associées à des femmes de ménage, mais cette comparaison n’est plus de mise. De plus en plus de Polonaises débarquent dans notre pays via le programme Erasmus. Et certaines décident de rester lorsque celui-ci touche à sa fin. « Un an à l’étranger ouvre d’autres perspectives. En sortant du train-train quotidien, tout vous semble plus attirant. Le pays, mais aussi les gens » nous dit Gosia qui a choisi de rester vivre à Anvers au bout de son année d’échange. Car si les Polonais aiment le pays, ils restent souvent par amour comme le confesse Gosia. « Ma principale raison de rester en Belgique est mon mari… et peut-être aussi les frites » ajoute-t-elle dans un sourire. Pour la chercheuse Sofie Hennau « Des Polonais qui ont plus de contacts avec leurs voisins autochtones peuvent améliorer leur connaissance de la langue. Ils ont aussi une vision plus positive de la société belge dans son ensemble ».

« Lorsque j’ai rencontré ma copine, c’était la première fois que je rencontrais quelqu’un originaire de Pologne » nous dit Bart. « J’avais, sur la Pologne, les mêmes préjugés que la plupart des Belges : ce sont des gens ternes, froids et corrompus. Mais après ma première visite en Pologne ma vision des choses a radicalement changé »

Belle et apprêtée Les Polonais qui ont une conjointe belge ne sont que peu nombreux. L’une des raisons avancées serait que la plupart des Polonais travaillent dans le bâtiment. Et comme ils rentrent tard, ils sont souvent trop fatigués pour élargir leur cercle d’ami et rencontrer des gens. Mais avoir davantage de temps ne serait pas le seul atout des Polonaises pour expliquer cette différence. « Les femmes sont meilleures en langue. Elles apprennent plus facilement, sont plus sociables et plus communicatives » nous dit Magda, une cadre polonaise. « Les femmes polonaises sont par ailleurs souvent belles et apprêtées avec soin » rajoute-t-elle. « Les Polonaises sont surtout plus ouvertes et plus gentilles que les femmes belges » rigole Bart.

StampMedia/Kamil Baluk

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