Tous contre la N-VA et la N-VA contre tous?

Le nouveau cap néo-belge pris par l’Open VLD complique la cohabitation du parti libéral flamand dans un gouvernement avec la N-VA. La campagne pour les élections 2014 aura-t-elle lieu sous l’adage tous contre la N-VA et la N-VA contre tous? Analyse avec Walter Pauli, rédacteur du Knack.

En présentant son manifeste libéral « Le citoyen engagé » la présidente de l’Open VLD Gwendolyn Rutten redessine son parti.

Son parti la suivra-t-il ?

Walter Pauli: Rutten déclare elle-même que ses propositions ne sont pas à prendre ou à laisser, mais qu’il y aura débat. Le parti libéral pourra toujours prendre de nombreuses directions. Il faudra voir aussi quels ténors libéraux se profileront sur quels points. Et en quelle mesure les propositions de la présidente ont été discutées et soutenues au sein du parti.

Quoi qu’il en soit, ce programme ne sera pas facile à réaliser. Son cap explicitement néo-belge compliquera de toute façon la cohabitation de l’Open VLD et de la N-VA dans un gouvernement fédéral ou flamand. Simultanément, Gwendolyn Rutten a fait comprendre qu’elle veut aller très loin dans la libéralisation de l’état flamand/belge. Par exemple, elle estime que les transports publics comme De Lijn ne révèlent pas de la compétence de l’état. Le CD&V et surtout le sp.a seront-ils d’accord ? Avec quels partenaires De Lijn sera-t-elle privatisée ? Ou Gwendolyn Rutten espère-t-elle que l’Open VLD et le CD&V seront assez forts pour une coalition classique de centre-droit ? Ou s’imagine-t-elle que la N-VA assouplira son cap communautaire ?

Il va de soi qu’un programme s’adresse d’abord à ses propres membres et qu’il faut voir après ce qu’on réalise: tout le monde doit mettre de l’eau dans son vin en gardant encore un peu de vin. Ne s’agit-il pas ici d’une leçon de politique pour l’Open VLD qui a colporté des manifestes citoyens durant des années avant de devoir plonger très loin sous ses ambitions ? Risque-t-on vraiment une répétition ?

S’agit-il du coup d’envoi de la campagne électorale ?

Walter Pauli: Non. Il faudrait instaurer une amende pour les personnes qui utilisent l’expression « le coup d’envoi de la campagne ». Il y a quinze jours, Bruno Tobback s’est entendu dire que son point de vue sur les sanctions administratives communales constituait « le coup d’envoi des élections ». L’année passée, il était de bon ton de donner le coup d’envoi des élections de 2014 dès le soir des élections communales du 14 octobre 2012.

Ces derniers jours, l’Open VLD s’est ouvertement distancié de la N-VA, notamment sur le confédéralisme. La campagne pour les élections 2014 se transformera-t-elle en lutte de tous contre la N-VA et la N-VA contre tous?

Walter Pauli: Si cela dépend de la N-VA, certainement. Parce que le parti qui réussit à polariser autour de lui peut être sûr de gagner les élections. Il faut se demander quel sera l’enjeu des élections de l’année prochaine. Si c’est  » De Wever ou Di Rupo », une variante du « Christ ou Barabbas » (collez vous-même un nom politique au bon personnage néotestamentaire), on connaît le nom du gagnant en Flandre.

Mais si De Wever est perçu en premier lieu comme bourgmestre d’Anvers – et ses opposants le jugeront également sur ses prestations anversoises – cela pourrait changer la donne.

Walter Pauli: S’il va de soi que la N-VA dispose du poids électoral d’un très grand joueur, il faut se poser la question de l’enjeu des élections. Di Rupo? Les économies ? La culture politique ? BHV ? La sixième ou la septième réforme de l’état ? L’approche de la fraude ? Un peu difficile à prédire, avec une opinion publique volatile et encore presque un an à tenir.

EE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire