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« Tihange 2 et Doel 3 n’auraient jamais dû être relancés »

Le Vif

Les réacteurs nucléaires n°2 de Tihange et n°3 de Doel n’auraient jamais dû être relancés en juin 2013, ont affirmé jeudi le groupe des Verts/ALE au parlement européen, mettant en avant une liste de 56 questions sur le traitement des micro-fissures qui ont été détectées.

Les Verts se fondent sur un rapport qu’ils ont commandé à cinq experts internationaux, dont l’experte en matériaux Ilse Tweer et Dieter Majer, ancien chef de la sécurité nucléaire en Allemagne.
Les deux réacteurs avaient été mis à l’arrêt à l’été 2012 après la découvertes d’un nombre élevé de défauts – les « micro-fissures » – dans leurs cuves sous pression.

Après examen, l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) a donné en mai 2013 son feu vert au redémarrage des réacteurs, qui ont ensuite tourné dix mois avant une nouvelle mise à l’arrêt en mars dernier à la suite de nouveaux tests.

« Sur base des documents rendus publics, les experts sont arrivés à trois types de critiques: erreurs méthodologiques, lacunes dans la documentation de fabrication et erreurs au niveau des détails de l’examen », a résumé l’eurodéputé Bart Staes (Groen).

Il affirme que ni l’Agence nucléaire ni le gestionnaire des centrales Electrabel ne peuvent réellement déterminer les caractéristiques du matériau qui se trouve dans les cuves sous pression.

« Tant qu’il n’y a pas de réponse satisfaisante aux 56 questions, Tihange 2 et Doel 3 ne peuvent être relancés », conclut Bart Staes.
Forts de ce rapport, Ecolo et Groen interpelleront la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet prochainement en Commission sur « le risque manifeste pris par le gouvernement fédéral » lors du redémarrage de mai 2013, ont affirmé Olivier Deleuze, co-président d’Ecolo, et Muriel Gerkens, cheffe de groupe Ecolo à la Chambre.

« L’AFCN a échoué dans sa mission d’intérêt public »

Greenpeace et Nucléaire Stop ont vertement critiqué l’Agence fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN) jeudi, l’accusant d’avoir « échoué dans sa mission d’intérêt public » lorsqu’elle a autorisé la relance des réacteurs nucléaires Doel 3 et Tihange 2, en mai 2013. Plus tôt dans la journée, le groupe des Verts/ALE a présenté un rapport au parlement européen, soulignant que de nombreuses questions sur le traitement des microfissures détectées dans les cuves des deux réacteurs en été 2012 étaient restées sans réponses. Selon eux, ces réacteurs n’auraient jamais dû être relancés.

« L’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire a indéniablement échoué dans sa mission d’organisme indépendant au service de l’intérêt public. La décision de relancer Doel 3 et Tihange 2 était bien trop légère. Il est exclu que l’AFCN reproduise la même erreur », affirme Greenpeace, qui a participé à la rédaction du rapport. L’ONG exige la fermeture définitive des deux réacteurs mis en cause.

Le mouvement Nucléaire Stop, qui a également apporté sa contribution au rapport des Verts, s’interroge par ailleurs sur « la responsabilité du directeur de l’AFCN, Jan Bens, ancien cadre d’Electrabel ».

En relançant les réacteurs incriminés, « Electrabel a prouvé qu’il était en mesure d’imposer sa volonté au gouvernement et au régulateur de l’énergie nucléaire. En l’absence de contrepoids au pouvoir de cette entreprise, il faut s’attendre, à terme, à une catastrophe nucléaire et climatique », conclut Leo Tubbax de Nucléaire Stop.

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