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Thalys tire des leçons de l’agression armée dans un de ses trains

La société Thalys a tiré des enseignements de l’attaque survenue le 21 août dans un de ses trains parti de Bruxelles à 17h16. Elle rappelle qu’il n’existait aucun motif pour empêcher l’auteur de l’attaque de prendre le train.

« Muni d’un billet valide, il est passé inaperçu », indique le rapport de Thalys sur l’attaque. L’enquête permet toutefois d’identifier des points de fragilité, concède la société.

Parmi ces points: l’obligation de se rendre à un emplacement fixe pour utiliser l’interphonie dans le train ou l’impossibilité de communiquer avec le conducteur, dans l’hypothèse où les deux contrôleurs figurent parmi les victimes. Le système de communication sera complété par un nouveau dispositif « lequel s’inscrira dans le respect strict des règles de conduite des trains », annonce Thalys.

Les conducteurs seront par ailleurs mieux formés aux itinéraires de contournement sur les lignes classiques. Le jour des faits, le conducteur avait accepté de conduire le train jusqu’à Arras mais à la vitesse réduite de 90 km/h car il n’était pas formé à emprunter cet itinéraire qu’il méconnaissait.

Thalys va aussi former ses agents à la détection des « attitudes anormales » et à la gestion des risques de panique dans des situations de crise extrême et de danger, tout en précisant que ses agents ne sont pas habilités à mener des opérations de police.

Dans son rapport, Thalys exprime sa solidarité envers tous ceux qui se trouvaient dans le train le jour des faits. « Certains se sont comportés en héros (…) pour sauver la vie des autres, d’autres ont cherché à se protéger et à protéger les autres, d’autres encore n’ont compris qu’ensuite ce qui venait de se passer », écrit la directrice générale de Thalys, Agnès Ogier.

Concernant le contrôleur qui s’était réfugié dans un fourgon du train avec deux membres du personnel de restauration et trois passagers avant de quitter à six le train, le rapport explique qu’il avait craint directement pour sa vie, qu’il avait été pris de panique et qu’il s’était senti « comme enfermé dans une vision de tunnel ». « Les membres du personnel qui ont quitté le train avaient vu le tireur pointer une arme dans leur direction et ont entendu la détonation. Le contrôleur se tenait alors à moins de quatre mètres. Il a déclaré avoir vu le terroriste tirer et avoir même senti le souffle de la balle. Il a craint directement pour sa vie pensant que le terroriste pouvait le poursuivre personnellement du fait de son uniforme », précise le rapport. « Les personnels de la rame de queue sont dans la même situation que les clients victimes de cette attaque. Les études psychologiques démontrent la variété des réactions possibles suite à un choc psychologique », peut-on encore lire.

Le rapport retrace minutieusement la chronologie des faits. Deux contrôleurs du Thalys se sont levés à la suite d’une « altercation » entre deux hommes, le suspect qui s’avèrera être lourdement armé et un passager français, à proximité des toilettes, derrière une porte coulissante. L’un des deux contrôleurs s’est rendu sur « le lieu de lutte » tandis que l’autre a couru, à la suite d’une déflagration, en direction d’un salon après avoir traversé deux voitures du train, sans alerter les passagers. Le suspect sera finalement maîtrisé après l’intervention de plusieurs passagers, parmi lesquels figurent deux blessés, l’un par balle et l’autre par un cutter.

Le contrôleur ayant pris la fuite ainsi que deux jeunes femmes du personnel de restauration et trois passagers se trouvant dans le salon se sont réfugiés dans un fourgon à bagages, bloquant la porte avec des charriots. Des passagers du train ont tenté en vain d’ouvrir la porte et ont crié « pour se signaler » aux occupants du fourgon mais ceux-ci n’auraient pas entendu les appels. Le contrôleur réfugié dans le fourgon sera le premier à contacter le 112 et aura plusieurs contacts avec le centre opérationnel de Thalys, basé à Bruxelles. Il a immobilisé le train. Les six personnes réfugiées dans le fourgon sauteront du train lors de son arrêt durant une minute. « Les membres du groupe descendus du train étaient tous convaincus d’être poursuivis par le terroriste, même plusieurs minutes après le démarrage du train », souligne le rapport.

« Dans le contexte de tension extrême de cet attentat, les réactions de l’ensemble des intervenants (personnel du train, centre de contrôle de l’infrastructure à Lille, de Thalys à Bruxelles) ont permis de répondre au mieux à une situation sans précédent », conclut le rapport.

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