© AFP/Damien Meyer

Taxe kilométrique: « 20 millions à charge des citoyens »

Le Vif

Les citoyens belges devront contribuer à hauteur de 20 millions d’euros pour compenser les pertes du secteur pétrolier liées à l’introduction de la taxe kilométrique. Ceci résulte d’un accord passé par les ministres Peeters et Marghem avec le secteur, rapporte De Morgen.

Avec la nouvelle taxe kilométrique, les entreprises pétrolières doivent payer davantage pour que leurs camions-citernes aillent de leur zone d’entreposage aux stations à essence. Le ministre de l’économie et à la Consommation Kris Peeters (CD&V) et la ministre de l’Energie Marie-Christine Marghem (MR) ont trouvé une parade pour compenser ces coûts supplémentaires, rapporte un journaliste du Morgen. « La conséquence, c’est que les consommateurs, entre avril et octobre, devront participer jusqu’à 20 millions d’euros », a réagi la présidente du groupe Sp.a à la Chambre Meryame Kitir. « Il est compréhensible que ce soit à nouveau les familles qui trinquent ».

Comment cette situation est-elle possible ? Un accord entre les autorités et le secteur pétrolier définit les prix maximums pour l’essence, le diesel et le pétrole ainsi qu’un prix à ne pas dépasser pour sa distribution. Cette marge de distribution est recalculée selon une formule fixe tous les six mois (en avril et en septembre). En avril de cette année, le plafond devait être réduit, de sorte que tous les prix pétroliers devaient diminuer. Seulement, les ministres compétents ont choisi de ne pas le faire. Et dans le nouvel accord conclu avec le secteur, les prix ont été maintenus au niveau d’avant.

Meryame Kitir: « Peeters est le ministre des consommateurs. On attend donc de lui qu’il défende les ménages et n’entrave pas la diminution des prix« . Selon les calculs de la députée fédérale, les coûts de la taxe kilométrique pour les entreprises du secteur pétrolier sont de seulement 3,5 millions d’euros sur une demi-année. « Le consommateur paie donc jusqu’à 20 millions de trop pour des coûts qui sont presque six fois moins élevés ». Son estimation n’est pas contredite par Jean-Pierre Van Dijk de la fédération pétrolière belge : « 20 millions est un montant symbolique, en pratique, c’est beaucoup moins » précise-t-il, sans toutefois donner de chiffres exacts. Les prix à la pompe ne sont, en fait, pas à leur maximum, les entreprises pétrolières essaient en effet d’attirer de cette manière des clients supplémentaires.

Se plier aux barons du secteur

Le journaliste du Morgen se demande aussi pourquoi le gouvernement octroie une telle compensation financière au secteur pétrolier vu que de nombreux autres secteurs sont confrontés à des frais supplémentaires à cause de l’introduction de cette taxe kilométrique ? Peeters et Marghem se sont-ils pliés au lobby des barons du secteur ? Des multinationales comme ExxonMobil, Shell, Q8 ou encore Total ont en effet beaucoup de pouvoir d’influence. Les cabinets des deux ministres ont réagi en déclarant que « la marge de distribution est calculée en fonction de la réalité économique du marché, ce qui n’est plus arrivé depuis 10 ans », faisant ici référence à la taxe kilométrique et à l’instabilité sur le marché pétrolier.

Van Dijk de la fédération pétrolière belge réplique: « Une partie de nos entreprises se sont plaintes. Si les ministres décident de les entendre, c’est de leur ressort. » » Ce dernier espère aussi qu’il ne s’agira pas d’une compensation unique. « Nous envisageons de prendre en compte de manière fixe la taxe kilométrique dans la formule de plafonnage des prix. C’est juste et honnête. » Il n’est pas clair de ce qu’il arrivera si une estimation de ces prix maximums est à nouveau effectuée en octobre prochain. Mais Kitir met en garde: « si rien ne change, on court le risque que la facture pour les ménages soit encore plus salée. »

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