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Syrie : la Belgique empêche le scrutin

L’ambassade de Syrie à Bruxelles comptait organiser des opérations de vote à l’occasion du scrutin présidentiel. La Belgique vient de s’y opposer.

La Belgique « n’autorise pas » des opérations de vote au sein de l’ambassade de Syrie à Bruxelles dans la perspective de l’élection présidentielle, voilà ce que le ministère belge des Affaires étrangères a signifié à la chargée d’affaires syrienne. Le scrutin, qui devrait plébisciter Bachar Al Assad, aura lieu le 3 juin prochain dans la partie contrôlée par le régime, et déjà le 28 mai dans les ambassades. Près de mille Syriens établis en Belgique, la plupart des binationaux, étaient invités à y participer.

Selon une source interne aux Affaires étrangères contactée par Le Vif L’Express, trois raisons ont justifié ce refus: les conclusions du conseil des 28 ministres européens des Affaires étrangères du 14 avril dernier, qui assimilent le scrutin à venir de « parodie de démocratie » ; la Convention de Vienne de 1963 qui permet de s’opposer à certaines fonctions consulaires confiées par l’Etat accréditant, ce qui sous-entend la tenue d’élections ; et enfin le risque de perturbations de l’ordre public vu la présence sur notre sol de nombreux opposants au régime.

La Belgique emboîte ainsi le pas à la France et à l’Allemagne qui ont pris la même décision. Celle-ci est d’abord et avant tout un signal politique. « Nous espérons que cette notification sera prise en compte », explique notre source. Les autorités belges ne peuvent en effet pas empêcher physiquement des ressortissants de se rendre à leur ambassade, ni contrôler ce qui s’y déroule.

Du côté des pro-régime, c’est l’indignation qui prévaut, relayée par le Comité contre l’ingérence en Syrie. « Il est inacceptable que les Syriens soient privés par notre gouvernement du droit d’élire ou de ne pas élire leur président parmi les trois candidats en lice, réagit son représentant Bahar Kimyongür. Cette interdiction est une violation flagrante de la liberté d’expression des Syriens de Belgique. »

Malgré sa reconnaissance de la rébellion du CNS comme « représentant légitime » du peuple syrien, la Belgique n’a jamais rompu officiellement ses relations diplomatiques avec Damas.

François Janne d’Othée

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