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Successions : le Belge est mal informé

Philippe Berkenbaum
Philippe Berkenbaum Journaliste

En matière de succession, certains outils de planification sont négligés, souvent par manque d’information. C’est le verdict de l’enquête Le Vif/L’Express-Dela.

Les instruments qui permettent de planifier sa succession se sont multipliés ces dernières années, autorisant les Belges à rivaliser d’ingéniosité pour éviter à leurs héritiers le paiement de trop lourds droits. Donations, fondations, assurances-vie et décès, assurances obsèques… Mais jusqu’à quel point les gens les connaissent-ils et en font-ils usage ? C’est l’objet de notre enquête exclusive Le Vif/L’Express-Dela réalisée par Internet auprès de 3 333 répondants, dont 1 119 francophones (33,6 %) et 1 168 retraités (35 %).

Ils ne sont que 18,4 % à avoir rédigé un testament et ce taux peine à atteindre les 24 % chez les plus de 65 ans. C’est moins d’un pensionné sur quatre. Cela s’explique chez ceux qui ont des enfants et ne souhaitent pas modifier la hiérarchie légale entre leurs ayants droit. Mais ceux qui n’ont pas d’héritiers directs sont à peine 32 % à avoir couché sur papier leurs dernières volontés. Pourtant, le Belge a du patrimoine. A la question : « Combien pensez-vous laisser derrière vous ? », 65 % répondent « plus de 100 000 euros ». Un cinquième des répondants dépasse même les 500 000 euros et un peu moins d’un sur dix le million. Et ils sont encore 21 % à « ne pas savoir ». L’appartenance linguistique ne joue aucun rôle : les francophones sont aussi bien nantis que les Flamands.

Dans ce total, l’immobilier se taille la part du lion : plus de 80 % (77 % côté francophone, 82 % côté flamand) des répondants incluent l’habitation qu’ils occupent dans leur futur héritage. Près de 20 % y ajoutent une (ou plusieurs) seconde résidence et 15 % un immeuble de rapport au moins.

A qui tout cela reviendra-t-il ? Sans surprise, les enfants sont en première ligne, du moins pour ceux qui en ont. Un parent sur 20 (5,2 %) n’entend cependant pas leur léguer son patrimoine. Viennent ensuite les compagnes et compagnons (48,2 %). Les bonnes oeuvres se placent en troisième position (12 %), juste devant la fratrie et les autres membres de la famille (11,9 %).

Près de 7 personnes sur 10 pensent avoir une vue assez claire des possibilités qui s’offrent à eux pour léguer leurs biens. Mais à y regarder de plus près, leurs connaissances ne s’étendent guère au-delà des moyens classiques : contrat de mariage, testament, donation et don manuel ou bancaire – et encore sont-elles lacunaires. Il existe bien d’autres techniques pour planifier sa succession, qui sont nettement moins éprouvées. Citons par exemple le saut de génération (65 % n’y connaissent rien) ou le legs en duo (même taux de méconnaissance). L’un permet aux grands-parents de léguer leur héritage à leurs petits-enfants plutôt qu’à leurs enfants, l’autre d’éluder les droits de succession en partageant l’héritage entre le(s) bénéficiaire(s) de son choix et une fondation – qui paiera l’impôt.

Le dossier « Comment organiser sa succession » dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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