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Stéphane Moreau et les intercommunales: fissures au PS

Les difficultés de Voo affaiblissent la position de son patron, Stéphane Moreau. Les ministres wallons Paul Furlan et Jean-Claude Marcourt (PS) proposent de faire évoluer le modèle des intercommunales, « sans privatisation », précise Marcourt.

La position de Stéphane Moreau, patron de l’intercommunale Tecteo, est moins confortable que jadis au PS liégeois. En cause: la mauvaise santé économique de la marque Voo qui, depuis son lancement en 2007, a accumulé 300 millions d’euros de perte et dont l’avenir est loin d’être rose, dans l’univers hyper-concurrentiel des télécoms. Malgré son marketing omniprésent, le câble wallon (Voo) aurait perdu beaucoup de sa valeur. Or il est le fruit des investissements de la Province de Liège et d’une cinquantaine de communes affiliées à Tecteo, qui craignent pour leurs dividendes. Si un jour les communes venaient à recevoir moins, voire beaucoup moins d’argent, la révolte ne serait pas loin de gronder parmi les municipalistes. Plusieurs signes témoignent du doute qui a saisi les hiérarques socialistes. En juin, le ministre des Entreprises publiques, Jean-Pascal Labille, Frédéric Daerden (député européen et bourgmestre de Herstal) et Marc Bolland (député wallon, bourgmestre de Blegny) avaient protesté contre la répartition des mandats dans les intercommunales liégeoises par le duo Stéphane Moreau-Willy Demeyer. Le manque de démocratie interne et de culture du débat avait été pointé du doigt. En juillet, c’était le tour de Didier Bellens, patron de Belgacom, proche d’Elio Di Rupo et dont le ministre de tutelle est le même Jean-Pascal Labille, de se lâcher contre Voo, dont les pertes seraient épongées sans transparence, disait-il, grâce aux bons résultats des activités « gaz » et « électricité » de Tecteo. Au coeur de toutes ces critiques, Stéphane Moreau, sa boulimie de pouvoir et son hyperactivité brouillent les frontières entre la politique et l’économie.

L’homme est détenteur de 16 mandats, dont 7 sont rémunérés. Avec deux seulement d’entre eux (Tecteo et Ans), il gagnait, en 2009, plus de 500 000 euros brut par an. Il a pu conserver son maïorat d’Ans en se logeant dans la petite SA Tecteo Services, d’où il dirige une intercommunale de plus de 2 000 personnes. Mais ce qui risque vraiment de fâcher, à Liège, c’est le risque d’une privatisation partielle de l’intercommunale. Le ministre des Pouvoirs locaux, Paul Furlan (PS), a déclaré récemment qu’il fallait « réfléchir à une forme nouvelle de société, qui préserve l’intérêt financier des communes tout en ayant une gestion plus proche de celle d’une société privée. On pourrait s’inspirer par exemple des entreprises publiques autonomes ». Dans un entretien avec le Vif/L’Express, Jean-Claude Marcourt, ministre wallon de l’Economie (PS), appuyait les propos de son collègue, en ajoutant que ce nouveau modèle permettrait de répondre aux « problèmes de tutelle ou de transparence qui sucsitent, à tort ou à raison, le soupçon de laxisme dans le chef des autorités, ou de volonté de contourner les règles dans le chef des intercommunales. (…). Même à Liège, des régimes d’intercommunales mixtes ont toujours existé. »

En revanche, le ministre wallon a tenu à se distancer du titre de la rédaction: « Marcourt pour une privatisation ». Car si, effectivement, il veut transformer la structure des intercommunales pour « garantir l’efficacité économique, la transparence des institutions, la bonne gouvernance et le statut des travailleurs, cette transformation peut évidemment se faire sans modification d’actionnariat.  » Et de rappeler: « Le Liégeois que je suis sait combien les intercommunales pures ont été utiles au bien-être collectif, et des communes, et des citoyens. Il n’est donc pas question, dans mon chef, de privatiser les intercommunales pour qui ce bien-être collectif doit rester un moteur essentiel. » Idéologiquement, le sujet est sensible. Lorsqu’Elio Di Rupo avait procédé, en 1996, à la privatisation partielle de Belgacom, l’Etat restant majoritaire, il avait pris soin de nommer cette opération « consolidation stratégique. »

Marie-Cécile Royen

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