Stéphane Moreau, patron de Nethys. © BELGA IMAGE

Stéphane Moreau démissionne du PS, mais reste bourgmestre d’Ans

Stéphane Moreau, qui a annoncé ce mardi en fin d’après-midi sa démission du parti socialiste, demeure bourgmestre indépendant de la commune d’Ans, a appris Belga à bonne source.

Cette démission n’engendre que la perte des mandats dérivés de conseiller communal à savoir celui d’administrateur au sein de la société de logement. Le CEO de Nethys est cependant considéré comme absent et est toujours remplacé par Thomas Cialone (MR) comme bourgmestre faisant fonction.

Sous certificat médical durant une quinzaine de jours en février dernier, Stéphane Moreau avait repris au 1er mars ses activités professionnelles au sein de Nethys. Il est cependant resté en congé de son mandat de bourgmestre d’Ans, Thomas Cialone faisant fonction. Cette situation autorise la commune à ne payer qu’un bourgmestre en l’occurrence l’élu MR, M. Moreau n’étant plus rémunéré depuis le 1er mars dernier comme bourgmestre.

Bien que démissionnaire du PS, il demeure cependant bourgmestre et conseiller communal indépendant. Son intention a toujours été de démissionner, Grégory Philippin (PS) devant lui succéder. Mais, à l’heure actuelle, sa démission n’a pas encore été actée.

M. Moreau pourrait faire l’objet d’une motion de méfiance individuelle lors de l’un des prochains conseils communaux si d’aventure il décidait de maintenir l’actuelle situation.

Si Gregory Philippin lui succédera comme bourgmestre, l’inconnue demeure quant à la composition du collège. Henri Huygen, Christophe Kersteens, Christopher Gauthy, Fernand Gingoux et Francy Dupont sont en lice pour les deux places d’échevins restantes.

« Mon appartenance politique me cause un préjudice personnel »

L’administrateur délégué de Nethys a annoncé sa démission du Parti socialiste quelques jours après que l’ex-président de Publifin et Nethys André Gilles en eut été exclu, et alors que son propre cas devait être examiné ce jeudi par la commission de vigilance du PS.

Stéphane Moreau, qui avait déjà été suspendu de ses mandats internes au PS le 6 février dernier en même temps qu’André Gilles, à la suite du scandale Publifin, justifie sa décision par l’impossibilité de faire valoir sa position dans le contexte actuel et par la préservation des intérêts de l’entreprise.

« Après plus de trois mois d’observation des évolutions du dossier Publifin, je constate que mon appartenance politique me cause un préjudice personnel dans la mesure où je suis jugé non à l’aune des résultats économiques de l’entreprise que je dirige mais en fonction de critères strictement politiques », indique-t-il dans un communiqué.

« J’observe une différence de traitement injustifiée, notamment médiatique, réservée aux dirigeants d’entreprises engagés politiquement par rapport à ceux qui ne le sont pas (…) Il me semble indéniable qu’il est inutile de tenter davantage de démontrer qu’il n’est pas compatible d’appartenir à un parti politique et de diriger une entreprise à succès », poursuit-il.

L’Ansois souligne les bons résultats de l’entreprise qu’il dirige depuis qu’il a pris la tête de l’Association liégeoise d’électricité (ALE) en 2005 et défend une nouvelle fois la possibilité de cumuler l’appartenance à un parti politique et la direction d’une entreprise à succès. Il rappelle avoir développé son groupe en s’appuyant sur des soutiens « de toutes origines politiques ».

Mais « dans le contexte actuel, la poursuite de la croissance économique de l’entreprise requiert une forme de neutralité de ma part. Pour ces diverses raisons, et bien que je reste un homme de convictions, notamment en ce qui concerne l’importance de l’initiative industrielle publique, j’ai décidé, dès ce jour, de démissionner du Parti socialiste ».

Stéphane Moreau avait déjà annoncé fin janvier qu’il démissionnerait du mayorat d’Ans. Initialement annoncée pour mars, cette démission n’a toutefois toujours pas eu lieu, et l’intéressé ne l’évoque pas dans son communiqué.

Entendu en commission d’enquête Publifin du parlement wallon, M. Moreau tout comme André Gilles avaient été mis sur la sellette pour leur responsabilité supposée dans la mise sur pied des comités de secteur de l’intercommunale Publifin, organes consultatifs dans lesquelles une vingtaine de mandataires locaux ont perçu d’importantes rémunérations fixes pour des prestations légères voire inexistantes.

Le modèle du groupe Publifin qu’ils ont créé a lui aussi fait l’objet de critiques, au vu de la hauteur des rémunérations octroyées aux dirigeants des sociétés privées qui en dépendent, et de la perte du contrôle public consenties par les communes associées.

André Gilles et Stéphane Moreau ont condamné les dysfonctionnements des comités de secteur tout en soutenant que rien d’illégal n’avait été commis. Une information judiciaire est ouverte au parquet général de Liège pour évaluer si des faits de faux, usage de faux et abus de biens sociaux ont été commis. La commission d’enquête parlementaire, quant à elle, pourrait finaliser cette semaine encore un premier rapport intermédiaire.

La commission de vigilance du PS devait se réunir ce jeudi sur le cas Moreau. La réunion est maintenue, a-t-on confirmé au boulevard de l’Empereur.

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