Olivier Rogeau

Stade national en Flandre : remous en coulisses

Olivier Rogeau Journaliste au Vif

La décision de construire le nouveau stade national à Grimbergen, en Flandre, suscite un brin de scepticisme dans le milieu politique francophone. Quelles seront les exigences du gouvernement flamand ? Et quid du financement du projet ?

C’est en Flandre, fouettés par l’air marin d’Ostende, que les ministres bruxellois ont pris la décision d’implanter le nouveau stade national… en territoire flamand. Le futur stade sera construit à l’emplacement du parking C du Heysel, situé sur le territoire de la commune flamande de Grimbergen. La Région et la Ville de Bruxelles n’ont pas caché leur satisfaction. « On est tout sourire », a lancé le bourgmestre PS Freddy Thielemans. « Après vingt-huit ans, la Belgique tourne enfin la page du drame du Heysel », s’exclame avec emphase l’échevin MR Alain Courtois. Selon lui, tous les scénarios d’implantation ont été envisagés et c’est l’impératif des délais à respecter qui a conduit au choix du parking C, terrain dont la Ville est propriétaire.

En clair : si Bruxelles veut confirmer son intention de faire partie des villes organisatrices de l’Euro 2020, qui se tiendra pour la première fois dans 13 villes de pays différents, elle devait décider, dans les plus brefs délais, de se doter d’un nouveau stade national aux normes européennes. Le principe d’une rénovation lourde du stade du Heysel n’avait pas les faveurs de la Ville : les promoteurs du projet immobilier Neo voulaient récupérer de la surface sur le plateau du Heysel pour y ajouter du logement et des services. Un déménagement était donc inscrit dans les astres. Plusieurs sites ont été pris en considération, dont le parking C et le terrain de l’OTAN, à Haren. Thielemans et Courtois nous avaient confié voici quelques semaines que cette dernière piste pouvait convenir. En revanche, l’échevin MR semblait rejeter Grimbergen, car, nous expliquait-il, « seule la Ville a la capacité d’assurer la sécurité lors des grands matchs de foot. » Aujourd’hui, il admet qu’il n’y avait « pas d’autre solution pour être prêts en 2020. »

Quel nom pour le futur stade ?

Plus précisément, le nouveau stade, qui comptera au moins 55 000 places assises, devrait être achevé en 2019. Coût estimé des travaux : 250 millions d’euros. Modèle de stade envisagé : le « Friends Arena » de Stockholm, doté d’un toit rétractable pour la tenue de matchs en hiver et l’accueil de spectacles et de concerts. Un véhicule financier, moteur du projet, réunira Neo, la Région et la Ville. Mais les zones de flou ne manquent pas dans ce dossier. Au point de susciter un brin de scepticisme dans le milieu politique francophone, y compris au MR. Car, derrière les sourires de façade, beaucoup de questions restent sans réponse. Quel partenariat public privé permettra de financer les travaux ? Le club d’Anderlecht, que Thielemans verrait bien jouer dans le nouveau stade, participera-t-il au tour de table ? Ou bien louera-t-il l’enceinte ? Quelle sera l’attitude du gouvernement flamand, appelé à délivrer les permis ? Grimbergen n’est pas hostile à la construction du stade, mais la commune n’est pas en mesure d’assumer la sécurité des lieux. En outre, pour ne pas être envahie de véhicules, elle exige le maintien d’un grand parking sur le site. La Ville compte gérer les lieux, mais quid des taxes et de l’emploi des langues ? Et comment va-t-on appeler le stade, pour ne fâcher personne ? « Ouh là là, peut-être European Stadium », nous glisse prudemment Courtois.

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