Alexandre Charlier

Sport : on parie sur un tsunami ?

Alexandre Charlier Journaliste sportif

La gentille vague des sales affaires liées au dopage dans le sport va tôt ou tard être emportée par le tsunami de scandales générés par les paris sur internet. Lance Armstrong ? Petit joueur.

Interpol a donc lancé un pavé dans la mare internationale footballistique en annonçant qu’une vaste enquête menée entre 2008 et 2012 avait repéré 380 matchs truqués, avec « des preuves concrètes dans 150 cas ». Et cela, c’est selon la police et n’est « que la pointe de l’iceberg ». Cela fait froid dans le dos. Car qui dit paris, dit mises et qui dit mises, dit argent. Beaucoup d’argent. Et il est très facile d’approcher les « acteurs » pour qu’ils aillent dans le sens des paris, des mouvements de fonds sollicités par des personnes et organisations, bien vite rattrapées par des mafias, asiatiques, croates, belges et autres.

Pour toute clarté, sur internet, on peut parier sur tout : nombre de buts, de corners, de la mise en jeu du pied gauche ou du pied droit, du nom des buteurs et aussi des cartes jaunes ou rouges. Non, pas Milan Jovanovic, quand même, curieusement exclu dimanche dans le « Clasico »? Non, bien sûr, comme Philippe Gilbert, qui est propre.

En fait, dans les années 80, lorsqu’Anderlecht et le Standard « achetaient » un match, c’était assez simple : une valise remplie de billets promise à quelques joueurs clefs (gardien de but, attaquant, libero) par un entremetteur, un rendez-vous dans un hôtel ou sur un parking (avant et après la rencontre) et le tour était joué. Point de trace sauf flagrant délit ; ni téléphone, ni mail : du « main à main ».
Les choses ont formidablement évolué avec internet. 24 heures sur 24, on peut parier sur du curling, les fléchettes, le combiné nordique, le badminton, le bridge, le cyclo-cross et, bien sûr, le tennis. Pas besoin de prévoir le nom du vainqueur (trop risqué) : le nombre de sets et même de jeux suffit… Pensez aux magouilles qui règnent sur le circuit ATP, WTA, ITF à l’occasion des petits (Challengers) ou de grands tournois!

Tôt ou tard, cela finira par se savoir. Car des outils informatiques existent : alertes en cas de mises massives suspectes sur certaines épreuves. Faut-il encore que les sociétés de paris collaborent avec les Fédérations sportives internationales. Cela se fait, au niveau de l’UEFA notamment. Mais il y a quelque chose de gênant à voir Bwin « sponsoriser » le Real Madrid, Manchester Utd ou le Bayern Munich. Ou de constater qu’Unibet a scellé un partenariat exclusif avec l’Union belge de football et donc tous les clubs de la Ligue professionnelle. Tiens, on ne parle pas des Divisions 2 ou 3 où il est également parfaitement possible de parier sur le résultat et le comportement de clubs dont les trois quarts se complaisent à vivre dans un état de coma financier. Dirigeants et responsables de Fédérations sont-ils aveuglés par quelque chose ? J’ai envoyé un mail à Unibet Belgique au sujet de mises suspectes en Belgique. On m’a promis avoir transmis « à qui de droit ».

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