armée belge
L'armée belge. © VIRGINIE LEFOUR/BELGAIMAGE

« Sortir du tunnel » en 5 à 15 ans, l’objectif du nouveau « patron » de l’armée de Terre

Le nouveau « patron » de la composante Terre, le général-major Marc Thys, s’est donné pour objectif de « donner une perspective d’avenir » à cette force, numériquement la plus importante de l’armée belge, avec quelque 10.000 hommes et femmes, mais souffrant d’années de sous-investissement et dont le personnel est éprouvé par plus de deux ans de patrouille dans les rues des grandes villes, au détriment des grandes opérations à l’étranger.

« J’ai ce devoir », a affirmé cet officier, qui a succédé le 23 mars au général-major Jean-Paul Deconinck, devenu mardi le commandant de la force (militaire) de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

« Les enjeux sont multiples », alors que « le monde n’a jamais été aussi instable depuis la crise de Cuba » en 1962, au plus fort de la Guerre froide, a souligné le général Thys lors d’un entretien accordé en fin de semaine dernière à l’agence Belga, quelques heures après le tir de 59 missiles de croisière américains sur une base aérienne en Syrie.

« Il faut quitter cette phase descendante » dans laquelle l’armée a été entraînée par des années d’économies imposées à la Défense, qui ont notamment conduit à une sérieuse diminution du recrutement – cette année, l’ensemble des forces armées a prévu d’incorporer 1.160 officiers, sous-officiers et volontaires – et à un retard dans le remplacement du matériel », a-t-il ajouté.

Il a prévenu que la « sortie du tunnel » devrait prendre « cinq, dix, quinze ans ».

Selon son commandant, la composante Terre doit ainsi se doter de la capacité d’absorber chaque année « au moins 2.000 recrues » afin de combler les vides dans les unités opérationnelles, dont certaines ne comptent que 65% des effectifs prévus, en dépit du problème posé par le surcoût lié à la prolongation des carrières militaires décidée en octobre dernier.

Le niveau d’ambition de la composante Terre ne sera que peu affecté par la réduction de la taille globale de l’armée (de 32.000 à 25.000 personnes) fixée dans la « vision stratégique » proposée par le ministre de la Défense, Steven Vandeput (N-VA).

« Il faut avoir les solutions en place pour générer le même output » opérationnel, a dit le général Thys, en reconnaissant que la participation aux opérations à l’étranger est actuellement handicapée par le manque de moyens budgétaires et par l’opération « Vigilant Guardian » en appui à la police fédérale – actuellement quelque 1.200 personnes.

Il souhaite également profiter de la « fenêtre d’opportunité » qu’offre un gouvernement fédéral prévoyant d’investir dans le renouvellement du matériel, avec des achats militaires pour 9,2 milliards d’euros projetés d’ici 2030, en vertu de cette « vision » approuvée en juin dernier.

« C’est le premier gouvernement que je connais (…) qui veut fixer dans une loi les différents investissements à faire », a expliqué l’officier, en citant parmi les programmes les plus urgents l’achat de véhicules LTTV (« Light Troop Transport Vehicles ») destinés au futur commandement des forces spéciales (SOCOM), de mini-drones d’observation américains RQ-11 Raven, ou encore les « vestes de combat intelligentes » dans le cadre du programme « Belgian Soldier Transformation » (BEST).

Il a toutefois appelé l’équipe Michel à « lever les incertitudes » qui pèsent sur les militaires, en matière de pensions – des négociations sont en cours au sein du gouvernement pour atténuer l’effet du recul de l’âge de départ à la retraite – et des casernes, dont un nombre encore indéterminé est appelé à fermer, « pour pouvoir avancer ».

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