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SNCB: plusieurs piquets de grève déjà installés, « impossible de prévoir l’impact des actions »

Des piquets de grève avaient déjà été installés vers 21h30 mercredi dans les gares de Mons, Mouscron et Charleroi, ainsi qu’au dépôt de Forest, indique la SNCB. La grève, appelée par la CGSP-Cheminots et la CSC-Transcom, se prolongera pour une durée encore indéterminée.

Le syndicat chrétien flamand ACV-Transcom, tout comme le pendant flamand de la CGSP, l’ACOD, ne souhaitent pas prendre part à la grève, a fait savoir le responsable de l’ACV, Luc Piens.

La mesure impacte profondément le personnel, selon M. Piens, « mais nous appelons à ne pas mener d’actions ». « Nous devons sortir de cette impasse », explique le représentant syndical.

« Le centre névralgique de la grève se situera en Wallonie, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’impact en Flandre », précise un porte-parole de la SNCB. De nombreux trains traversant le pays, « tout dépendra de ce qu’il se passera à Bruxelles ».

« Au niveau national »

Les syndicats CGSP Cheminots et CSC Transcom ont annoncé mercredi une grève dès 22h00 pour protester contre la décision de HR-Rail, la société qui emploie juridiquement le personnel des chemins de fer, d’appliquer une mesure diminuant les jours de crédit des cheminots, sorte de jour de récupération.

« La grève est menée en front commun au niveau national. Les principales gares du pays devraient être bloquées, tout comme les ateliers », avait annoncé le président de la CGSP Cheminots, Michel Abdissi.

« Aujourd’hui, tous les ateliers étaient en grève. Le mouvement va être repris par les accompagnateurs et les conducteurs de train face au refus des directions du rail d’entendre les requêtes du personnel », explique M. Abdissi. La mesure diminuant les jours de crédit « concerne les 34.000 cheminots », indique-il encore, insistant ainsi sur l’ampleur que pourrait prendre la grève.

Les plus grandes gares sont concernées par les actions et les piquets seront maintenus devant les différents ateliers à travers le pays, selon M. Abdissi.

Aucune nouvelle rencontre avec les directions n’est prévue à l’heure actuelle, selon M. Abdissi. Les directions ont cependant fait savoir qu’elles étaient disposées à poursuivre la concertation. « Nous attendons d’être réinvités autour de la table », selon le président de la CGSP Cheminots.

Si du côté de la CGSP, on parle de grève au finish, la CSC se montre plus prudente: « Nous espérons quand même que la direction ouvrira les débats », fait savoir Isabelle Bertrand, permanente nationale de la CSC Transcom.

La grève menée en front commun débutera dès 22h00. « Nous voulons donner la possibilité aux voyageurs de rentrer chez eux », indique Philippe Dubois, secrétaire permanent de la CGSP Cheminots pour Bruxelles.

Un mouvement de grogne des cheminots a débuté, mercredi, après la décision de HR-Rail, la société qui emploie juridiquement le personnel des chemins de fer, d’appliquer une mesure diminuant les jours de crédit des cheminots, sorte de jour de récupération.

Ces jours de crédit sont des jours de récupération dont bénéficie le personnel qui est amené à travailler 40 heures par semaine, alors que le régime officiel est de 38 heures en Belgique. Par une convention interne, il a été prévu que le temps de travail était fixé à 36 heures par semaine au sein des chemins de fer belges. Pour compenser les jours prestés, des jours de récupération et de crédit ont été mis en place.

La mesure qui diminue les jours de crédit des cheminots avait été décidée en décembre dernier dans le cadre de l’augmentation de la productivité des travailleurs du rail. HR-Rail était alors passé en force en commission paritaire nationale, selon les syndicats. La décision avait cependant fait l’objet d’un recours, toujours en cours, devant le Conseil d’Etat. HR-Rail a décidé de ne pas attendre une décision de cette juridiction pour diminuer les jours de crédit de son personnel, et cela, avec effet rétroactif au 1er janvier, selon les syndicats qui dénoncent la volonté de HR-Rail de supprimer un à deux jours de crédit par agent, sans remettre à niveau les salaires.

Perturbations

En conséquence, la SNCB met en garde les voyageurs sur de possibles répercussions sur le trafic ferroviaire. « La circulation des trains devrait être entravée dès 22h00 ce mercredi », selon la société des chemins de fer.

« Il est impossible de prévoir les lieux et l’impact de ces actions. Celles-ci peuvent être différentes d’une région à l’autre mais au vu de la configuration du réseau, les perturbations pourraient se faire ressentir sur tout le réseau », selon la SNCB.

La société des chemins de fer recommande aux voyageurs de se référer aux informations de la SNCB qui seront disponibles sur son site, Twitter, Facebook, l’application SNCB ou encore les annonces en gare.

La SNCB déplore cette action et mettra tout en oeuvre pour assurer le trafic des trains et limiter les perturbations, fait-elle savoir.

« Triste »

Le ministre de la Mobilité François Bellot s’est dit « triste » mercredi en commission de l’Infrastructure de la Chambre après l’annonce d’une grève spontanée au finish démarrant mercredi soir à 22 heures dans le chemin de fer. « Je suis triste qu’il y ait une grève aujourd’hui pour un accord social dont l’encre n’est pas encore sèche ». Le nouveau ministre a indiqué être un « homme de dialogue ». Il a dit préférer la concertation, ajoutant que sa « porte était toujours ouverte ».

Le ministre MR a dit être animé d’un bon sentiment, précisant qu’il était « dans l’intérêt de tous de trouver des solutions win-win ». Il a mis en garde face à l’ambition de la Commission européenne d’imposer la libéralisation du rail en 2023. « C’est la raison pour laquelle nous avons besoin d’une vision forte si nous voulons maintenir un avenir pour l’opérateur historique en Belgique ».

Il ne s’agit pas que d’améliorer la ponctualité, il faut surtout plus de productivité, a-t-il insisté. M. Bellot a renvoyé à l’exemple suisse, un succès « en dépit d’un réseau bien plus compliqué que le nôtre ». Le ministre a également cité bpost parmi les entreprises désormais prêtes à affronter l’avenir. « Parce que la société et les besoins de la société ont changé », a-t-il souligné.

Le ministre de la Mobilité a invité le personnel en grève de la SNCB à « se mettre à la place des citoyens ». Mardi, « l’ensemble du personnel de la SNCB a participé à la manifestation nationale à l’exception de l’opérationnel nécessaire à l’acheminement des manifestants à Bruxelles. Le lendemain, on organise une grève sauvage. Je dis: ‘attention!’ Et cela, pour deux raisons: on prend en otage des gens qui vont travailler et on vient de signer un accord social. Quelle est encore sa valeur? », s’est-il interrogé. Le ministre a rappelé l’existence d’un protocole d’accord sur les grèves sauvages repris dans le nouveau contrat de gestion.

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