Pieter Timmermans © Belga

« Si le gouvernement n’accepte pas le mini-accord, alors on a un vrai problème »

Les prochains jours permettront d’apprécier la solidité de la trêve sociale. le gouvernement est invité à se pencher d’ici Noël sur le « mini-accord » conclu entre patrons et syndicats pour adoucir quelque peu les réformes.

Les partenaires sociaux discuteront lundi des éléments du rapport technique du conseil central de l’économie en vue de circonscrire les efforts à réaliser pour favoriser la compétitivité. Il s’agira notamment de prendre en compte la hauteur du coût salarial en comparaison avec les pays voisins. Cette échéance pourrait permettre de contribuer à relancer la concertation alors que le gouvernement est invité à se pencher d’ici Noël sur le « mini-accord » conclu entre patrons et syndicats pour adoucir quelque peu les réformes.

Le rapport du conseil central de l’économie doit notamment permettre de négocier la formation des salaires. S’il apparaît que la situation de la Belgique en termes de compétitivité s’est améliorée au cours des dernières années, cela pourrait donner du grain à moudre aux partenaires sociaux qui tentent depuis quelques jours de renouer après un automne socialement difficile. Jeudi, ils ont conclu un premier accord sur des mesures de transition permettant d’atténuer quelque peu des réformes relatives au crédit-temps en fin de carrière et aux prépensions. Patrons et syndicats attendent du gouvernement qu’il confirme cet accord. Le comité ministériel restreint se réunira au début de la semaine, probablement mardi. Si le gouvernement devait décider de ne pas confirmer cet accord, « ce serait un très mauvais signal », ont averti dimanche dans l’émission Mise au Point (RTBF), la secrétaire générale de la CSC, Marie-Hélène Ska, et la secrétaire générale de l’UCM, Christine Lhoste.

« La paix sociale est fragile », a rappelé Mme Ska, et elle serait alors « mise en difficulté ». Selon elle, « c’est l’accord et tout l’accord qui doit être entériné ». Elle s’étonne d’ailleurs que le Premier ministre Charles Michel n’ait toujours rien fait savoir au sujet d’une prochaine relance de la concertation, or « il y a urgence ». D’ailleurs, a renchéri le secrétaire général de la FGTB Marc Goblet, s’il fallait constater que rien de neuf n’était mis sur la table après la conclusion du premier « mini-accord », il faudrait « redéfinir un plan d’action » début janvier. Marc Goblet a répété qu’il entendait bien ramener la question du saut d’index dans la concertation sociale. Dans l’émission Controverse (RTL-TVI), il s’est fait l’écho de cas concrets qui seront victimes des mesures gouvernementales en l’absence de compensations fiscales, notamment des travailleurs de titres-services à temps partiels dont le complément d’allocation de revenu garanti versé par l’Onem diminuera. Ces personnes touchent trop peu de revenus que pour payer des impôts; elles ne bénéficieront pas de l’augmentation de la déduction des frais professionnels forfaitaires. Tout en confirmant que le gouvernement ne reviendrait pas sur le saut d’index, le vice-premier ministre MR Didier Reynders n’a pas exclu que des « corrections » puissent être apportées, notamment à travers d’autres « modalités fiscales ». Il a rappelé que des solutions avaient pu être apportées dans le passé via le « crédit d’impôt ».

Sur le même plateau, Didier Reynders et Alexander De Croo ont indiqué qu’avec le gouvernement ils allaient « évaluer » mardi l’accord scellé par les partenaires sociaux au sujet de la fin de carrière. Il s’agira notamment d’examiner le « coût » des mesures proposées par les partenaires sociaux, cela sur « l’ensemble de la période », a précisé Didier Reynders. L’objectif visé est, par exemple, d’étaler dans le temps certaines restrictions en matière de départ en prépensions. « Je pense que pour le début, il n’y a pas de grande difficulté, on est en train de voir ce que cela représente à moyen terme. De toute manière, on va donner suite à l’accord », a-t-il dit. Mais il a mis en garde: « il y a aussi une attente à l’égard des partenaires sociaux », savoir si une éventuelle discussion pourra se tenir « dans le calme ».

L’administrateur délégué de la FEB, Pieter Timmermans est également d’avis que « si le gouvernement n’accepte pas (le mini-accord), alors on a un vrai problème ». Mais sur la RTBF, lui et Mme Lhoste ont également appelé les syndicats à ne pas utiliser la menace. « Il faut cesser d’opposer les patrons et les syndicats sur la compétitivité », a indiqué la secrétaire générale de l’UCM. Les députés de l’opposition ont également exhorté le gouvernement à donner son feu vert à ce premier accord social. « Dire ‘non’ serait une faute politique », a notamment commenté Melchior Wathelet (cdH).

Contenu partenaire