Gérald Papy

Shut down aux Etats-Unis : la faute aux irresponsables politiques

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

En rejetant le projet de loi de finances dans l’espoir de reporter l’entrée en vigueur de l’Obamacare, les Républicains radicaux ajoutent l’incivisme à l’irresponsabilité. Combien de temps l’administration fédérale sera-t-elle contrainte au service minimum ?

L’administration fédérale américaine en service minimum, 800 000 des 2 millions de fonctionnaires fédéraux renvoyés chez eux, les agents « essentiels » au turbin sans être payés… Telle est l’image que la plus grande puissance de la planète donne d’elle au monde aujourd’hui. A l’origine de cette panne de gestion de l’Etat, l’incapacité des parlementaires démocrates, majoritaires au Sénat, et des élus républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, à s’accorder sur la loi de finances. La fronde est venue des élus les plus conservateurs du Parti républicain qui ont suspendu leur approbation au report d’un an de l’entrée en vigueur de la fameuse réforme du système de santé, Obamacare, censée s’appliquer à partir du 1er janvier 2014.

En opérant ce chantage, les plus radicaux des Républicains ont ajouté l’incivisme à l’irresponsabilité. Point d’orgue du premier mandat du président américain, l’Obamacare s’est traduit dans une loi votée en 2010. Ses adversaires politiques, issus de la mouvance populiste du Tea Party, avaient annoncé vouloir tout faire pour empêcher son application telle quelle. Ils ont tenu parole au point de mettre en difficulté des milliers d’Américains privés temporairement de salaires et de menacer peut-être la reprise économique dont les Etats-Unis et le monde ont tant besoin.

L’obsession « anti-étatiste » de certains mandataires républicains, qui se mue en l’occurrence en frénésie antisociale, est une constante. Le précédent « shut down » (fermeture forcée de l’administration) qu’ait connu l’Amérique, sur la négociation du budget 1996, était motivée par l’opposition des Républicains au… Fonds Medicare (couverture santé des plus de 65 ans) défendu par le président Bill Clinton.

L’impact économique de la crise actuelle est, dans l’incertitude de sa durée, difficilement chiffrable. La perte de crédibilité, elle, est instantanée. Pour des Etats-Unis qui, sous Barack Obama, se sont désengagés des théâtres internationaux pour précisément concentrer leurs énergies sur le règlement des défis intérieurs, le coup est rude et doit faire sourire de Pékin à New Delhi en passant par Moscou, parmi ces puissances émergentes qui, épargnées par les maladies de la démocratie, voient leur statut valorisé. Car à l’image des frasques d’un Silvio Berlusconi en Italie, le théâtre politique occidental multiplie les exemples où les intérêts partisans voire personnels prévalent sur l’intérêt commun.

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