Eurosatory © AFP

Shopping: Eurosatory, le salon des armes de guerre

Muriel Lefevre

S’il est moins connu que le salon du Bourget, les affaires qui se règlent à Eurosatory, le plus grand salon du monde consacré à la défense et à la sécurité, n’en sont pas moins juteuses.

Eurosatory ouvre ses portes jusqu’à ce vendredi au parc des expositions de Villepinte, en France. Avec ses 1.750 exposants, originaires de 63 pays, c’est le plus grand salon de défense et de sécurité au monde. Ici point d’électroménager ou le dernier SUV de telle marque automobile, mais bien des armes de guerre. On peut y admirer un char grand comme un pavillon ou des bombes de toutes les tailles, ainsi que des mitrailleuses de tout calibre, voire dorées.

Eurosatory
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On peut même y croiser, au détour d’une allée, un pont temporaire, beaucoup de drones ou encore toutes sortes de vêtements high-tech. On y trouve aussi des start-up qui développent des logiciels capables de pister n’importe qui ou encore un système qui détecte et neutralise des drones à distance. En plus de l’exposition indoor, il existe un grand espace pour les démonstrations dites dynamiques. On peut y voir les armes en situation « réelle » grâce à des situations simulées comme une prise d’otage.

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On l’a compris, le panel proposé est large et varié. De quoi surprendre ou dérouter le néophyte. Heureusement ceux-ci ne sont pas nombreux. Destiné au professionnel, on croise, dans les allées de ce salon qui s’étale tout de même sur 167.000 mètres carrés, de nombreux généraux en tenue d’apparat. Parmi les 57.000 visiteurs attendus, on estime qu’un tiers des visiteurs provient de ministères ou d’armées du monde entier. Un autre tiers des visiteurs est issu du secteur même.

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Mais selon Johan Lievens, directeur de Material Resources interviewé par De Standaard, il ne s’agit la plupart du temps que d’une visite à titre informatif. Comme pour beaucoup d’autres salons, on vient humer ce qui se fera demain. On s’informe sur les dernières nouveautés en somme. Histoire de savoir quoi commander, si besoin. Dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu et avec la menace terroriste qui gronde, les dépenses militaires mondiales ne cessent en effet de gagner en ampleur.

Un salon trop peu connu selon les pacifistes

Un comité de militant pacifiste attendait les visiteurs. Ils dénoncent « la commercialisation d’engins de mort » et cet « Eurosatory, le salon qui tue ». Ils espèrent qu’à travers leur action, le salon passe moins inaperçu.

Un secteur porteur

Le business du matériel de guerre ne connaît pas la crise. On estime que pour l’année 2017, les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 1.739 milliards de dollars. Soit une hausse de 1,1 % sur un an, selon l’Institut international de recherche sur la paix. Parmi les pays qui dépensent le plus dans ce secteur, on retrouve, sans grande surprise, les États-Unis. Ils ont un budget de 610 milliards de dollars, soit l’équivalent de plus du tiers des dépenses militaires dans le monde. Une tendance qui se confirme avec l’arrivée de Trump puisque celui-ci a annoncé en mars qu’il allait faire passer le budget à 716 milliards l’année prochaine. Les dépenses militaires atteindraient dans ce cas une somme record. Le plus gros budget accordé à la Défense datait de 2011 avec 711 milliards de dollars. Le pays de l’oncle Sam est donc loin, très loin, devant les autres. La Chine, qui arrive en deuxième sur le podium, fait pâle figure avec ses quelque 228 milliards. En troisième position on retrouve l’Arabie Saoudite et ses 69,4 milliards.

Et en Belgique ?

Le budget Défense n’a cessé de se réduire au cours des dernières décennies. Tout gouvernement et toute coalition confondus, c’est ce département qui a subi le plus de coupes. Rien qu’entre 1981 et 2013, le budget a été réduit de 2,25 milliards d’euros selon la RTBF. En 2017, la Belgique a dépensé 3,563 millions d’euros, contre 3,589 millions d’euros en 2016, soit un recul de 0,73%, selon les données présentées par Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. On estime que 68% de ce budget sont consacrés aux dépenses de personnel et que moins de 9% de dépenses possibles sont effectués pour les investissements et donc les achats stratégiques toutes composantes confondues.

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Même si le remplacement des F-16 est un investissement important, la Belgique est donc une « mauvaise élève » par rapport aux recommandations de l’Otan en termes de dépenses pour le secteur militaire. La Belgique a en effet consacré 0,9% de son PIB à des dépenses de défense durant l’année 2017, contre 0,92% en 2016, selon les statistiques publiées il y a peu par l’Otan. Le SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) affiche quant à lui un chiffre inférieur, à 0,87%. Un chiffre qui est aussi repris par la Banque mondiale. Or l’Otan réclame que chaque pays allié y consacre au moins 2% de son PIB. Les seuls autres pays à avoir baisé leur dépense sont la Grèce (-0,6%) et le Royaume-Uni (-0,12%), mais même comme cela ils restent toujours au-dessus du seuil des 2% du PIB requis. La Belgique est bonne avant-dernière selon La Libre, soit juste devant le Luxembourg et ses 0,46%. On notera tout de même que la moyenne européenne est de 1,46% et qu’au sein de l’Otan, seuls quatre pays ont atteint les 2%: les États-Unis (3,57%), la Grèce (2,36%), le Royaume-Uni (2,12%) et l’Estonie (2,08%).

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