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Seuls 45,8 % des immigrés ont un travail

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

En 2011, le taux d’emploi des résidents de Belgique nés hors de l’Union européenne s’élevait l’année dernière à 45,8 %. Aucun autre pays européen ne compte si peu d’immigrés au travail, selon une étude réalisée par la Banque Nationale de Belgique.

Dans l’étude de la Banque Nationale de Belgique, une personne est considérée comme immigrée si elle réside en Belgique, mais est née à l’étranger. L’étude fait également une distinction entre les immigrés européens et non européens. En 2010, 14 % des personnes résident en Belgique étaient immigrées.

Un faible taux d’emploi

Dans cette enquête, les personnes inactives sont celles qui ne travaillent pas et ne cherchent pas un emploi. Les personnes actives sont donc celles qui travaillent et celles qui sont à la recherche d’un emploi.

Selon les chiffres de 2010, le taux d’activité des natifs en Belgique est de 68 % (4,7 % de chômage), ce qui est plus ou moins similaire au taux des immigrés européens (6,7 % de chômage). Parmi les immigrés nés hors Europe par contre, près de 40 % des personnes sont inactives, 46,5 % travaillent et 14,3 % sont au chômage.

Chez les femmes, cette différence est encore plus marquée puisque 51 % des immigrées nées hors Europe sont inactives, 12 % sont au chômage et seuls 37 % travaillent. On peut noter également que le taux de chômage est le plus élevé parmi les hommes immigrés hors UE (16,6 %).

Comparativement aux autres pays de l’Union européenne, le taux d’emploi des personnes nées hors UE est le plus faible, soit 45,8 % (chiffres 2011). La moyenne européenne étant de 58,1 %.

Un accès à l’emploi plus difficile

Les facteurs qui peuvent influencer l’accès à l’emploi varient. Ainsi, on a moins de chance de trouver du travail si l’on est une femme, si l’on est jeune ou âgé, si l’on n’a pas terminé ses études secondaires, si l’on n’est pas né en Belgique et si l’on réside dans une région autre que la Flandre. Et si le fait d’avoir un diplôme de l’enseignement supérieur augmente les chances de décrocher un emploi, selon l’étude de la BNB, le fait d’être né dans un pays hors de l’UE est un déterminant aussi important que le niveau d’éducation.

La maîtrise de la langue du pays, l’état civil, la nationalité, la composition du ménage, le lieu d’obtention du diplôme et l’importance du réseau social ne sont que quelques exemples d’autres facteurs qui peuvent exercer une influence sur l’accès au marché du travail. Une discrimination de la part de l’employeur n’est évidemment pas à exclure. L’étude observe cependant que le fait d’obtenir la nationalité belge pour un immigré hors UE a un effet positif sur son accès à l’emploi.

Un niveau d’éducation plus bas

47 % des immigrés hors UE n’ont pas terminé leurs études secondaires et seul un quart d’entre eux possèdent un diplôme d’études supérieures. En 2010, 20,8 % des jeunes immigrés hors UE de 15 à 24 ans ne travaillaient pas et ne suivaient aucune formation, ce qui est deux fois plus élevé que pour les natifs belges (9,9 %).

Des emplois plus précaires

Le secteur qui emploie le plus d’immigrés est l’Horeca. En effet, 9,8 % des hommes immigrés nés hors UE travaillent dans ce secteur (contre 2,2 % des natifs). Par contre, 19 % des immigrés nés dans l’UE travaillent dans le secteur de la construction.
16 % des travailleurs immigrés nés hors UE ont un contrat temporaire (contre 7,3 % des natifs et 10,7 % des immigrés nés dans un pays européen). Les immigrés nés hors UE sont également moins nombreux à se lancer dans une activité indépendante (11,8 %), alors que 17,4 % des immigrés nés dans un pays européen se lancent.

La deuxième génération a également des difficultés

Les enfants nés en Belgique de parents immigrés qui ont intégré le système éducatif belge ont appris la langue, et la culture du pays devraient théoriquement accéder plus facilement à l’emploi qu’un immigré de première génération. Or, cette insertion ne leur permet pas d’avoir les mêmes chances que les natifs belges dont les parents n’ont pas immigré. Les difficultés auxquelles font face les immigrés pour entrer sur le marché du travail se reproduisent donc chez leurs enfants, même si le taux d’emploi augmente.

Cela peut s’expliquer par une situation socio-économique moins favorable. La langue parlée à la maison joue également un rôle déterminant, tout comme l’orientation scolaire (général, technique ou professionnel). Les enfants des familles natives bénéficient en outre d’un plus grand capital culturel national et de réseaux sociaux plus efficaces. À cela s’ajoutent les éventuels problèmes de discrimination supposée sur la base de l’origine.

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