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Sécurité sociale: Demotte « choqué » par les propos de De Wever qui persiste

Le ministre-président du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte, s’est exprimé dimanche contre une remise en cause des moyens financiers de la sécurité sociale, envisagée comme la seule piste d’économies encore possible au niveau fédéral par le président de la N-VA, Bart De Wever.

Le président de la N-VA a indiqué samedi qu’il ne voyait la possibilité d’économies supplémentaires que dans le budget de la sécurité sociale, dans la mesure où cela n’est plus possible en ce qui concerne le fonctionnement de l’Etat, dont les dépenses vont augmenter en raison de la crise des réfugiés et de la menace terroriste. Pour lui, le gouvernement fédéral se doit d’économiser et de réformer davantage sous peine de devenir un gouvernement de stagnation.

Lors de ses bons voeux, adressés dimanche à la population de Tournai, dont il est le bourgmestre empêché, Rudy Demotte s’est dit choqué des propos remettant en cause la sécurité sociale.

Il s’est aussi dit « très préoccupé qu’à la suite de mesures prises dans la rapidité, on ne fasse chavirer des combats séculaires qui ont établi les bases de la liberté et de la sécurité d’existence ».

« Je suis choqué par les propos tenus encore récemment et qui remettent en cause la sécurité sociale, notre cathédrale à nous, partisans des démocraties sociales. Jamais, nous ne pouvons dissocier les deux mots: sécurité et sociale. J’ai le sentiment qu’à la manière dont les prises de position s’expriment, certains attisent à dessein le feu de la lutte des classes, des groupes ethniques. Pour nous, il n’est de meilleure sécurité que le partage entre forts et faibles, entre bien portants et malades, entre travailleurs et sans emploi », a encore précisé M. Demotte.

Pour De Wever, des économies sont possibles dans la gestion de la sécurité sociale

Le président de la N-VA, Bart De Wever, pense en effet que des économies sont encore possibles dans la gestion des indemnités de chômage et de l’assurance-maladie, a-t-il encore indiqué dimanche au cours de l’émission « De Zevende dag » (VRT), lors de laquelle il a pris part à un débat animé avec le président du sp.a, John Crombez.

Chez qui allez-vous chercher ces économies supplémentaires, lui a demandé en substance John Crombez, soulignant que « toujours plus de gens doivent faire avec moins et payer plus ».

« Nous n’allons pas retirer de l’argent », a répondu Bart De Wever, insistant sur le fait qu’il entendait mener des réformes qui maintiennent la croissance des coûts sous contrôle.

« Dans la gestion des indemnités de chômage, dans l’assurance-maladie, je pense qu’il y a encore des économies de coûts à réaliser », a ajouté le président de la N-VA, relevant que les syndicats recevaient 227 millions d’euros pour assurer le paiement des allocations de chômage.

Le président du sp.a ne croit nullement que des économies ne toucheront pas les gens.

« Il y a déjà dans le budget, 700 millions d’économies dans la sécurité sociale, et il va encore ramasser de l’argent en plus », a commenté John Crombez, plaidant pour des réformes dans la sécurité sociale, mais plutôt dans des annexes, et en faisant la chasse aux abus.

Moins cher via les syndicats et les mutuelles

Le président du CD&V Wouter Beke ne pense pas pour sa part que l’on puisse aisément faire des économies dans la sécurité sociale. Interrogé par VTM dimanche, il a ajouté que le travail effectué par les mutuelles et des organisations syndicales dans le paiement des indemnités coûtait moins cher que s’il était effectué par les pouvoirs publics.

Le chef de file du CD&V n’a pas caché son irritation face aux propos de Bart De Wever. « On ne doit pas oublier qu’en matière de sécurité sociale, il s’agit des gens ».

Actuellement, les syndicats et les mutuelles sont chargées du paiement d’une grande partie des indemnités de chômage et de l’assurance-maladie. Selon Wouter Beke, si l’état doit assurer ce service, « cela coûte deux fois plus cher ». Les organisations sociales et celles des classes moyennes font ce travail à bien meilleur marché et de manière plus efficace.

« Un parti qui dit d’un côté ‘nous voulons privatiser, les pouvoirs publics doivent dégraisser’, et qui va dire d’un autre, que les pouvoirs publics devraient effectuer cette mission alors qu’il y en a d’autres qui le font mieux, plus efficacement, et surtout à meilleur compte, je ne le comprend pas », a encore dit Wouter Beke.

Démocratie

Plus largement, la séance des voeux de Rudy Demotte, tenue dimanche en fin de matinée dans les installations de la Halle-aux-Draps de Tournai, était placée sous le sceau de la démocratie, soumise à rude épreuve dans le contexte du climat de terreur des derniers mois.

« Il y a 53 ans, Martin Luther King avait un rêve. Même si ce rêve n’est toujours pas pleinement réalisé, il donne de l’espoir, l’envie de construire un monde meilleur. Aujourd’hui, je vous invite à cultiver l’espoir, de continuer à croire que ce monde meilleur est possible », a-t-il dit.

Rappelant que les valeurs d’antan portées sur la générosité, l’ouverture aux autres et le vivre ensemble avaient été totalement battues en brèche au profit de discours simplistes, blessants et haineux, M. Demotte a ajouté que les fanatiques, les extrémistes et les terroristes avaient tous un but en commun, à savoir la destruction de ces valeurs.

Pour lui, « céder, ne serait-ce qu’un millimètre, à leur haine en répondant par des mesures qui rongent nos valeurs, c’est finalement, leur donner raison ».

Il a enfin dit refuser « un monde où la fraternité se ratatine sur le groupe, ethnique, culturel ou religieux ».

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