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Santé: « des économies drastiques seront réalisées »

Le Conseil général de l’Inami a adopté lundi le budget des soins de santé pour l’année 2015. Celui-ci est annonciateur de coupes claires de l’ordre de 355 millions d’euros dans les dépenses pour l’année prochaine.

Au sein du Conseil, le président, le gouvernement et le patronat ont voté pour. Les mutualités chrétiennes et libres se sont abstenues. Les syndicats socialistes et chrétiens ainsi que les mutualités socialistes ont voté contre.

Les mutualités socialistes craignent que ces coupes se fassent sur le dos des patients car il est notamment question d’une réforme du ticket modérateur pour certaines spécialisations (ophtalmologie, gynécologie…) et de la suppression du tiers-payant social. Le ticket modérateur passera de 8,23 à 12 euros. Les femmes devront aussi quitter la maternité un demi-jour plus tôt après l’accouchement. La ministre des Affaires sociales et de la Santé Maggie De Block a admis lundi que des économies drastiques seront réalisées l’année prochaine. La ministre a nuancé la présentation faite par les mutualités quant à l’ampleur des économies à réaliser. Concernant le ticket modérateur, s’il est correct qu’il sera revu à la hausse pour certaines spécialités, il diminuera pour d’autres (pédiatres…), a-t-elle relativisé.

Mme De Block a également souligné que d’autres secteurs seront soumis à l’austérité et notamment les médicaments pour 101 millions d’euros. « Parmi tous ceux qui seront touchés, les patients seront ceux qui sentiront le moins l’effet des économies », a estimé la ministre, confirmant par là que les patients seront bien concernés. Le secrétaire général de Solidaris – Mutualité socialiste, Jean-Pascal Labille a dénoncé « avec force » ce qu’il a qualifié de « rupture totale ». D’autant plus que d’autre investissements étaient nécessaires dans les soins dentaires, les soins de santé mentale, le matériel médical à l’hôpital.

Les mutualités avaient formulé une proposition visant à intégrer ces investissements dans le cadre d’un assainissement qui ne toucherait pas le patient. Cette proposition n’avait pu réunir les deux tiers des voix au comité de l’assurance de l’Inami en raison de l’opposition d’une partie des représentants des prestataires de soins et des hôpitaux. La Mutualité chrétienne – dont les relais politique se retrouvent tantôt dans la majorité (CD&V) tantôt dans l’opposition (cdH) – a justifié son abstention lundi par la nécessité de préserver la concertation sociale. Elle a salué le soutien budgétaire aux soins de première ligne (encourager le patient à rendre visite prioritairement à son médecin de famille ou à une garde médicale avant de consulter un spécialiste). L’élargissement aux hospitalisation de jour de l’interdiction des suppléants d’honoraires dans les chambres à deux lits et dans les chambres communes a également été accueillie favorablement par la Mutualité chrétienne.

Celle-ci regrette par ailleurs que l’accent soit exclusivement porté sur les dépenses dans le budget 2015, ce qui empêche de dégager des marges pour des initiatives nouvelles telles que le remboursement de la psychothérapie, une amélioration de la prise en charge des soins dentaires, une revalorisation des sages-femmes, et des soins à domicile… A l’instar de la Mutualité socialiste, la Mutualité chrétienne demande également de revenir sur l’importante hausse du ticket modérateur. Maggie De Block a réfuté l’affirmation selon laquelle les économies empêcheront toute initiative nouvelle. La ministre libérale flamande a estimé qu’il y avait encore de l’espace pour la concertation et s’est dite ouverte aux propositions. Le budget des soins de santé atteindra 23,8 milliards d’euros en 2015.

« La consultation chez le médecin spécialiste va augmenter de 45% « 

Le prix que le patient paie de sa poche chez le médecin spécialiste va augmenter de plus de 45%, dénonce lundi le parti socialiste reprochant au « gouvernement MR-N-VA » de faire payer par les malades l’assainissement du secteur. Même les bénéficiaires de l’intervention majorée, qui gagnent moins de 1.400 euros par mois, devront payer plus cher.

L’ancienne ministre des Affaires sociales et de la Santé Laurette Onkelinx avait prévu d’appliquer dès le 1er janvier 2015 un tiers payant social obligeant l’ensemble des médecins du pays d’accepter que les patients ne paient que leur part personnelle, le reste étant financé par les mutuelles. La mesure a sauté. Il est question de la reporter au 1er juillet mais seuls les médecins généralistes seront encore contraints au tiers payant social. Pour le président du PS Elio Di Rupo, « après les atteintes aux pensions, après les atteintes au pouvoir d’achat des travailleurs, le gouvernement MR N-VA s’en prend maintenant aux patients et aux malades. Il fait une fois de plus des économies substantielles sur les dos des citoyens, tout en préservant les plus riches ». Le PS a rappelé que la ministre Laurette Onkelinx avait réussi à assainir le secteur sans porter atteinte aux patients et en dégageant, au contraire, de nouvelles initiatives.

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