Dave Sinardet

Sans débat fédéral, une fois de plus !

Il y a donc un parti en Flandre qui se présente aux élections avec un programme ouvertement séparatiste : le Vlaams Belang. C’est aussi le seul parti qui mènera une vraie campagne communautaire.

Par DAVE SINARDET

Comme en 2007 et en 2009, la N-VA, cet autre parti séparatiste, a opté pour une campagne électorale soft en bannissant le mot « séparatisme » de son vocabulaire. Son slogan omniprésent : « Oser changer maintenant. »

Pas grand-chose de nouveau sous le soleil, donc. Bart De Wever n’ignore pas que son but final, la disparition de la Belgique, fait peur à beaucoup d’électeurs potentiels. D’où son nouveau mot magique « confédéralisme », qui sonne beaucoup plus vague et innocent. Et pour éveiller la bienveillance de futurs partenaires au gouvernement, on aime agiter le nom d’Hugo Schiltz, figure symbolique des nationalistes flamands qui étaient prêts à réformer l’Etat en faisant des compromis.

Mais la N-VA est-elle vraiment disposée à conclure un accord à la Schiltz ? De Wever pourra-t-il, par exemple, accepter que le plan Dehaene, qu’il a qualifié d’épouvantable, serve de base de négociation au règlement du problème de BHV, comme s’y sont résolus les sept autres partis (hormis le FDF) ? On ne peut rien exclure, mais négocier avec la N-VA semble plutôt conduire à des blocages et à des crises qu’à la signature d’un accord.

Mais le plus important est de savoir quel accord on pourrait conclure avec la N-VA. La plupart des partis flamands affirment qu’une réforme de l’Etat doit améliorer le fonctionnement des institutions de notre pays. Or la N-VA y voit surtout une nouvelle étape vers la division du pays. De Wever prétend que ces deux objectifs convergent. Mais, en réalité, ceux-ci paraissent irréconciliables sur des points cruciaux.

Ainsi, presque tous les partis flamands veulent accorder plus de moyens financiers au niveau fédéral nécessiteux, pour qu’il puisse supporter sous peu la charge accrue des soins de santé et des pensions liée au vieillissement de la population. Or, il n’y a pas longtemps, la N-VA, elle, souhaitait mettre le fédéral à la diète. Et où va-t-on trouver ce fameux « poisson gras » cher à De Wever, alors que le CD&V, SP.A et Groen ! soulignent que la sécurité sociale devra rester une compétence fédérale ?

Dans le Nord, mais également dans le sud du pays, le pavillon de la réforme de l’Etat peut couvrir des « marchandises » très variées, selon les partis en cause. Qui veut quelle réforme institutionnelle, et pour quoi faire ? Voilà le vrai débat auquel les électeurs flamands et francophones ont droit, au lieu de concepts et slogans trompeurs. Et ils ont également droit à un vrai débat fédéral sur la question.

La VRT et la RTBF réunies veulent en organiser un, avec tous les partis représentés à la Chambre. Ce serait le premier débat tenu en commun par les chaînes publiques depuis celui qui a mis face à face Tindemans et Spitaels en 1981 ! Mais, au moment d’écrire ces lignes, le MR s’y oppose, alors que des solutions créatives ont été trouvées pour contourner le Vlaams Belang. Résultat : encore une élection fédérale réduite aux seuls débats confédéraux, chacun de son côté. Sans débat fédéral !

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