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Salon de l’Auto: « Les ventes progressent, la mobilité recule »

Urbain Vandormael
Urbain Vandormael Spécialiste voitures  

Le Salon de l’Auto de Bruxelles est le plus grand événement public de l’année et il en sera de même en 2017. Traditionnellement, les voitures de société et les SUV jouaient un rôle central les années impaires, mais aujourd’hui, il n’y a presque plus de différences entre le petit et le grand Salon de l’Auto.

Luc Bontemps, l’administrateur délégué de la Febiac, confirme cette information : « Toutes les voitures sont les bienvenues. Cela permet aux marques d’exposer leur gamme complète et de montrer les derniers modèles au public ».

2016 a été une année « grand cru »

Les catastrophes naturelles, attentats terroristes et scandales divers ont fait de 2016 une année épouvantable. Cependant, pour les marques de voiture, 2016 a été une réussite. Luc Bontemps nous explique pourquoi.

« 2016 a mal commencé. Le Dieselgate n’a pas seulement nui au groupe Volkswagen, mais aussi à tout le secteur. Finalement, la vente de voitures n’a pas souffert du Dieselgate. Au total, nous avons noté 540 000 inscriptions, 2016 a été une année grand cru pour tous les segments. Qui aurait pu rêver ça début janvier ? »

« Le Dieselgate a probablement contribué à un déplacement rapide du diesel à l’essence sur le marché belge. Par contre, malgré les mesures de stimulation du gouvernement flamand, la vente de voitures électriques reste nettement en deçà des attentes. Le budget prévu n’est même pas épuisé. »

« C’est dû au fait que le particulier trouve que la voiture électrique est toujours trop chère et qu’il n’a pas la possibilité de charger sa voiture à la maison et qu’il dépend donc des bornes de recharge publiques. Mais comme le réseau de bornes de recharge n’est pas suffisamment développé en Belgique, ce n’est pas une option. »

« J’attends moins de voeux pieux et davantage de dynamisme de la part de l’Etat. Le privé aussi manque à ses devoirs. Regardez le Luxembourg : en un an, il y a eu 700 nouvelles bornes de recharge. En revanche, c’est une bonne chose que beaucoup de marques aient élargi leur offre de modèles hybrides et que la vente de voitures hybrides a le vent en poupe. »

Que peut faire l’Etat pour accélérer la transition de systèmes de propulsion conventionnels vers les systèmes alternatifs ?

Luc Bontemps: D’une part, les autorités peuvent mener une politique fiscale stimulante et d’autre part elles peuvent oeuvrer aux dites « zones d’émission faibles  » en interdisant les centres-villes aux vieilles voitures diesel polluantes. Anvers va dans le bon sens et j’apprends que Bruxelles et Gand envisagent également une initiative dans ce sens. »

Mais en même temps j’entends qu’ils manieront différentes normes. Comment est-ce possible et quelle impression éveille une politique aussi chaotique auprès de l’opinion publique ?

Les autorités politiques ne donnent pas le bon exemple non plus quand il s’agit de renouveler leur propre parc automobile. Ils pourraient se servir de cette occasion pour acheter plus de voitures électriques, mais ce n’est pas le cas. Pourquoi pas ? Les autorités françaises le font et cela incite la population à suivre leur exemple.

Il y a des projets pour décourager l’utilisation de voitures de société, mais là aussi, il y a un manque de vision et de politique consistante. J’entends plein de bruits et j’ai des objections. Que nous aimions l’entendre ou pas, c’est vrai qu’une voiture de société est une forme cachée de salaire qui profite autant à l’employé qu’à l’employeur.

Deuxième objection: les voitures de société émettent nettement moins de gaz d’échappement nocifs que la moyenne générale des voitures. C’est dû au fait que les voitures de société sont échangées tous les trois à quatre ans et qu’elles sont donc toujours équipées de la dernière technologie. Les émissions moyennes de CO2 du parc automobile s’élèvent à 107 g/km contre 119 g/km pour le parc automobile belge global.

Ne me comprenez pas mal: je suis en faveur du budget de mobilité, comme je soutiens toutes les initiatives qui contribuent à une circulation plus fluide et plus sûre, car c’est quoi la vérité ? Les ventes de voitures progressent, mais la mobilité recule. Chaque année, le nombre de kilomètres d’embouteillages augmente, et la situation à Bruxelles est carrément dramatique. Qui se rend encore de plein gré en voiture dans le centre de notre capitale, la capitale de l’Europe qui plus est ? Trois heures d’attente pour sortir d’un parking, ça fait la une de l’actualité. Belle publicité !

Febiac se dit en faveur d’une taxe kilométrique intelligente. Pourquoi ?

Une taxe kilométrique intelligente en fonction de l’heure et du lieu contribue à une meilleure mobilité et mérite notre soutien. Elle rapporte aussi des revenus supplémentaires qui peuvent être utilisés pour améliorer l’infrastructure des routes. Febiac est et reste prêt à coopérer activement à une politique de mobilité qui dépasse la durée d’une législature.

Le Salon de l’Auto de Bruxelles réussit à maintenir une cadence annuelle, alors que les grands pays de voitures comme la France et l’Allemagne n’y arrivent pas. En outre, toutes les marques sont représentées à Bruxelles, alors qu’à Paris ce n’était pas le cas. Pourquoi Bruxelles est-elle aussi intéressante pour les constructeurs ?

La Belgique est un petit pays, mais un grand marché de voitures comparé au nombre d’habitants. Cela se reflète chaque année dans l’intérêt massif du public. En outre, le Salon de l’Auto est un salon de vente. Les marques réalisent 20 à 25% de leur chiffre d’affaires annuel pendant le Salon. Les années impaires, les véhicules utilitaires et de loisirs sont mis en avant, même si la distinction entre le petit et grand salon s’efface de plus en plus. Au fond, toutes les voitures sont les bienvenues.

Nous répondons aux demandes des exposants. Ces derniers aspirent à un rendement maximal de leur investissement. Pour la même raison, nous avons raccourci le salon d’une journée, et nous avons retardé l’heure d’ouverture de 10 à 11 heures. Ce sont de petites interventions, mais qui exercent un impact qui n’est pas à sous-estimer sur les coûts variables.

Le secteur apprécie notre approche proactive et nous demeure fidèle. Dix marques de voitures -Ford, Mazda, Mini et Volvo, par exemple – absentes au précédent Salon de l’Auto à Paris sont présentes à Bruxelles, ce qui nous permet de présenter 60 premières européennes et belges.

Il va de soi que nous écoutons aussi les souhaits des visiteurs. Ainsi, nous proposons des tarifs variables, en fonction du jour et de l’heure de visites. Aux heures où il y a traditionnellement moins de monde au salon comme le mardi matin, le visiteur paie moins. S’il achète un billet sur internet, il paie moins aussi.

Le dernier week-end, l’évènement Dream Cars au Palais 12 accueille 44 voitures exclusives dans une atmosphère alpine tout aussi exclusive. Winter Chic s’inspire des plus beaux chalets des Alpes. En parallèle au Salon de l’Auto, il y a Truck & Transport 2017, un lieu de rencontre pour les professionnels de transport qui veulent réseauter ou nouer des relations affaires fécondes. Tous les acteurs importants du marché des véhicules utilitaires lourds sont présents.

Nous présentons également un programme bien rempli de formations et d’ateliers, entre autres sur la taxe kilométrique, la rentabilité du secteur et la numérisation de camions. Jobs on Wheels a pour but de soutenir l’enseignement de voitures et de mieux former les jeunes pour les métiers du secteur de voiture.

La 95e édition du Salon de l’Auto de Bruxelles s’adresse donc à tout le monde. En plus, nous assurons aux visiteurs que nous avons tout fait pour un déroulement sûr du Salon.

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