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Safe rooms : le monde de l’école très critique

Les acteurs de l’école ont exprimé mardi leurs doutes, voire leurs critiques sévères, envers la proposition de créer des locaux sécurisés (« safe rooms ») dans les écoles, comme évoqué lundi dans une circulaire envoyée par la ministre de l’Education, Joëlle Milquet, vers les écoles.

Dans le contexte de menace terroriste actuel, pareille proposition est « infinançable » et relève de la « spirale loufoque », selon Roberto Galluccio, administrateur-délégué du CPEONS, la fédération des pouvoirs organisateurs des écoles secondaires communales et provinciales.

« Pareille proposition ne fait qu’alimenter le climat de peur, et le fait monter dans les écoles. On pousse le climat de peur à l’extrême! », fusille-t-il.

Or, « l’école doit être un lieu de sérénité et d’apprentissage, et pas d’hyperprotection. Il ne faut pas en rajouter une couche! Pourquoi ne pas construire des abris anti-atomiques dans les écoles tant qu’on y est! ».

Pour le CPEONS, vu le contexte financier actuel, cette idée est en réalité « impraticable ». « Le gouvernement mène une politique d’économies en tout sens, on essaie partout de gagner le moindre centime. On n’a donc pas l’argent pour construire (pareils locaux sécurisés) ».

Moins critique, le Secrétariat général de l’enseignement catholique estime toutefois que la création de « safe rooms » dans les écoles ne constitue pas une priorité.

« Nous ne mettons pas particulièrement l’accent sur ce sujet », commente Conrad Vande Werve, directeur communication du Segec.

« Les +safe rooms+ est un concept de sécurité qui peut être utile, mais dans des cas très très spécifiques », fait-il valoir. « Mais il faut que l’alerte puisse être donnée à temps ».

Pour le Segec, construire des locaux sécurisés dans les écoles n’est en outre, dans beaucoup de cas, pas vraiment nécessaire, certains locaux déjà existants, tels que des salles de gyms ou des réfectoires, pouvant servir d’abris en cas d’agression extérieure.

Interrogé mardi matin sur la Première (RTBF radio), Yvan Mayeur, bourgmestre de Bruxelles-ville, commune qui forme via ses établissements quelque 35.000 jeunes, a violemment rejeté l’idée. « Nous devons travailler sérieusement avec nos équipes. Il faut éviter l’hystérisation. Il faut rester raisonnable. »

« Nous n’allons pas construire des bunkers dans les écoles. Nous n’avons pas l’argent pour cela », a souligné le bourgmestre bruxellois.

Visée, la ministre Joëlle Milquet précisait mardi matin que l’idée de « safe rooms » dans les écoles est en réalité une « initiative » de la police de Bruxelles-ville, « et une idée défendue déjà par Najat Belkacem (la ministre socialiste de l’Education française, ndlr) ».

« La suggestion précise de prévoir des +safe rooms+ est clairement recommandée par la zone de police de Bruxelles et a été envoyée officiellement à toutes les écoles de la ville de Bruxelles il y a quelques jours », affirme la ministre.

Celle-ci dit dès lors « s’étonner » des propos du bourgmestre de Bruxelles semblant estimer « peu sérieux cette recommandation alors qu’elle émane de sa propre police! », ajoute Mme Milquet selon qui l’heure « n’est pas aux polémiques ».

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